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Nathalie DU PASQUIER

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"Le fait que les peintures ne représentent plus des modèles signifie qu’elles se construisent directement sur la toile (...) Cette abstraction était en moi, faisait partie de mon travail de designer et elle a resurgi au moment où j’ai eu besoin de formes qui n’étaient plus narratives."[1]

 

Nathalie du Pasquier naît à Bordeaux le 14 février 1957. Elle étudiera quelques mois aux Beaux-Arts de Bordeaux après l’obtention de son baccalauréat, avant d’entreprendre entre 1975 et 1977 un long voyage qui la mènera de l’Afrique à l’Australie, en passant par l’Inde. Après avoir vécu quelques mois à Rome, la jeune Du Pasquier décide finalement de poser ses valises à Milan, où elle s’installe en 1979. Là, elle dessine des tissus qu’elle propose aux imprimeurs sur soie de la région de Côme et travaille également comme illustratrice avant de participer à la création du Groupe Memphis autour de la figure tutélaire d'Ettore Sottsass en 1981.

Plus jeune membre du collectif, Nathalie Du Pasquier imprime pourtant sa marque sur l’esthétique Memphis, au sens propre même puisque c’est elle qui conçoit une grande partie des motifs qui habillent objets, meubles et textiles du groupe. En 1985, Sottsass quitte le groupe Memphis (avant de le dissoudre en 1988) et Nathalie du Pasquier se lance dans la peinture qui deviendra vite son médium principal[2].Dès lors, celle qui dira plus tard : "je n’avais pas choisi de faire du design et m’étais laissé entraîner dans tout ça. J’étais un peu énervée par le personnage que l’on avait construit de moi, de fille un peu mignonne, française"[3] invente patiemment les formes de son travail personnel.

Parmi ses œuvres, on trouve notamment des natures mortes dont elle contredit la verve méditative par l’incongruité des objets représentés, comme un orange côtoyant des haltères ("Bright still life with orange", 2001 – 2002) ou la curieuse cohabitation d’une fleur, d’une tasse à café et d’un flacon de correcteur liquide ("Con Binchetto", 2000). Comme une réminiscence de ses préoccupations de designeuse, l’œuvre picturale de Nathalie Du Pasquier semble interroger le rapport entre industrie et nature, entre modernité et culture populaire, ou encore s’intéresser au prosaïque du quotidien. L’artiste évoque d’ailleurs dans un article de presse[4] ce qui participe de son inspiration : "les miniatures persanes, Ingres, Giotto, Piero della Francesca, les temples indiens, Sánchez Cotán, Sottsass, El Lissitzky, Morandi, Giorgio De Chirico et Savinio, les miniatures françaises du Moyen Âge, Le Corbusier, la forme des fleurs, les couleurs des poissons exotiques, la beauté du monde animal, les imprimés japonais, les albums de Tintin et Milou (…) et bien d’autres choses."

En 2016, Nathalie Du Pasquier fait l’objet d’une rétrospective à la Kunsthalle de Vienne. Regroupant une centaine de ses œuvres depuis Memphis jusqu’à ses réalisations les plus contemporaines, l’exposition sera également le point de départ d’une véritable science de la mise en scène qui fait aujourd’hui la grande singularité du travail de l’artiste. Depuis lors, en effet, ses scénographies cherchent plus à créer des situations, des moments qu’à seulement mettre en valeur ses œuvres. Les expositions de Du Pasquier deviennent ainsi des expériences à part entière, qui restent en mémoire longtemps après qu’on les a quittées.

Enfin, en parallèle de sa pratique de la peinture, Nathalie Du Pasquier renouera parfois avec le design par des collaborations ponctuelles, notamment avec des acteurs du textile et de la mode. Elle étendra même ses motifs post-Memphis au design de luxe avec des créations pour Hermès (foulard en soie "Zêta" en 2017) ou de tissus de robes pour Valentino. Après plus de 40 ans de créations, l’artiste conserve cependant (et fort heureusement) un recul amusé et provocateur face à l’engouement qu’elle rencontre : "C’est fabuleux, à 60 ans, d’avoir été découverte comme ça. En vieillissant, on devient de plus en plus ambitieux."[5]
 


[1] Nathalie Du Pasquier interrogée par K. Espinoza pour Ideat autour de son exposition "The strange order of things 2" le 29/01/2020.

[2] même si elle pratique encore parfois la céramique comme en témoignent ses collaborations ponctuelles avec Alessio Sarri ou la Manufacture de Sèvres.

[3] Nathalie Du Pasquier citée par Eric Troncy in Numéro Magazine, "Art", du 14/02/2023.

[4] "My influences" écrit pour Frieze Magazine n°174 (octobre 2015), Londres : Durian Publications, pages 216 à 221.

[5] Numéro Magazine, "Art", 14/02/2023, op. cit.

 

 

Oeuvres de Nathalie Du Pasquier

La maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres d'Edgar Brandt. Florian Douceron, clerc spécialiste du département département Arts Décoratifs du XXe siècle, vous décrypte une œuvre phare de l'artiste, adjugée 7 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle

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Nathalie DU PASQUIER pour MEMPHIS", California", 1983 : tapis en laine nouée adjugée 7 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle

 

"La couleur est un instinct"[1]

 

Le tapis California participe (avec le modèle Arizona) des deux tapis crées par Nathalie du Pasquier pour le groupe Memphis Milano. Véritables tableaux textiles, ils témoignent de l’impact décisif de l’artiste pour le groupe d’Ettore Sottsass. Pour la designeuse en effet, les couleurs ne devaient jamais être "rajoutées" mais faisaient intrinsèquement partie des formes et des volumes développés, où une place particulière était accordée à la décoration. Graphiques et colorés, ses décors invitent le Futurisme, le Cubisme et l’Art Déco à dialoguer avec les vocabulaires ornementaux Africains ou Indiens, le Graffiti New-Yorkais ou l'iconographie de la Science-Fiction.

 

C’est précisément cette inspiration iconoclaste de Du Pasquier et cette éthique en phase avec la culture pop et post-punk du début des années 1980 qui permit au groupe Memphis de tourner en dérision le "bon goût" moderniste. Ce faisant, l’artiste est de celles qui auront réhabilité l’ornement, la culture populaire et la décoration au cœur des enjeux d’un design dénoncé pour son élitisme.

Avec leurs "motifs enthousiastes, explosifs, exaltés, emplis de joie, aussi éclatants que des néons dans une nuit tropicale"[2], ces tapis ne sont pas des accessoires mais bien des œuvres à part entière, et même des pièces maitresses. À la fois objets, espaces et environnements où l’on ne fait plus la distinction entre l’œuvre d’art et son support ils incarnent la manière qui fût celle de Du Pasquier au sein du groupe Memphis : exubérante, excentrique et libertaire … le "mariage forcé entre le Bauhaus et Fisher Price [3].

 


[1] "Colour is an instinct.", Nathalie Du Pasquier dans un entretien avec A. BISWAS pour Studio International le 16/10/2017.

[2] Barbara Radice dans le guide de l'exposition "Memphis - Plastic Field" qui s'est tenue au MADD Bordeaux du 21 juin 2019 au 5 janvier 2020, page 39.

[3]Dans sa chronique sur SFGate.com "Collectors give 80’s postmodernist design 2nd look" ("Le nouvel attrait des collectionneurs sur le Post Modernisme des années 1980") publié le 15/01/2012.

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Adjugé à 7 000 €

Vendu le 2023/11/07

Nathalie DU PASQUIER (Né en 1957) pour MEMPHIS

"California"
Lot 38

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