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Vente MANUSCRITS & AUTOGRAPHES : collection de Madame V. du 1 décembre 2022

Lot

Sur 215

Emmanuel CHABRIER

  • Description

Emmanuel CHABRIER

. 5 L.A.S., 1886-1889, à ses éditeurs Wilhelm ENOCH et Georges COSTALLAT ; 12 pages in-8 et 3 pages in-4 (réparée au scotch) ; on joint une enveloppe. Très belle correspondance à ses éditeurs et amis. [Correspondance 86-32, 87-40, 88-98, 89-32 et66.] Bruxelles 4 avril 1886, avant la création de Gwendoline. « Et les partitions ! Envoyez-m’en vite pour demain mardi, pour le souffleur, pour les journalistes, pour tout le monde. – Ce sera très-chic. Dupont complètement emballé, l’orch. ovationneux, jusqu’aux chœurs qui s’applaudissent dans l’Epithalame. […] On me répète généralement jeudi soir & on joue samedi. […] Je vous attends absolument, chers amis, ne me lâchez pas !! »… [La Membrolle] Vendredi [2 décembre 1887], au sujet de la reprise du Roi malgré lui. Chabrier se désole du silence des journaux. « Quelle drôle de chose qu’un homme de talent ! dit la Vie Parisienne. Pour celui-là je fais 1840, – pour Stop je casse le tympan – pour les uns c’est trop fort, pas assez pour les autres ; bref, j’arrive, à la force du poignet, et il y en a que ça embête – et pour m’embêter ils lâchent l’argument de leur choix – le wagnérien m’appelle réactionnaire et le bourgeois me traite de wagnérien. D’autres me disent qu’ils préfèrent Gwendoline : c’est idiot. Sardou préfère La Haine aux Ganaches, Molière Le Misanthrope à M. de Pourceaugnac, Shakespeare Hamlet aux Joyeuses Commères, Meyerbeer Les Huguenots à L’Étoile du Nord, Wagner Tristan à Lohengrin, Messager Prométhée à François [les bas bleus], d’Indy La Cloche à Attendez-moi sous l’orme, Massenet Marie-Madeleine à Manon, &a &a. – et tous préfèrent avoir fait les deux. Esthétiquement parlant, il est certain que l’on n’a pas à hésiter ; mais n’y a-t-il qu’un seul genre à exploiter et ne serait-ce pas se tromper lourdement que de ne pas faire, avant tout, la musique de son livret ? – En quoi l’air de C’est un ami est-il plus opérette que celui du Tambour Major du Caïd ? […] Au fond, ceux qui crient après le Roi crieraient encore plus fort si j’avais fait de la grande musique, – en cela, ils auraient raison. En ce qui me concerne et en ce qui concerne le Roi, il y a 3 publics : 1° le bourgeois, que ma musique surprend un peu, sort de ses habitudes, mais qui y viendra à la condition de ne pas lui supprimer le plat avant qu’il ait pu se rendre compte de son goût ; 2° les musiciens que j’appellerai de juste milieu, qui aiment beaucoup ça (public et musiciens mêlés) ; 3° les wagnériens qui comptaient que je ne ferais que du drame lyrique, quitte à l’esquinter comme pas assez fort non plus, – et qui crient à l’opérette et à la défection, ce qui est parfaitement injuste. – Laissons faire, laissons dire, et ne perdons ni patience ni courage »… Puis il évoque un projet de reprise de L’Étoile : « L’Étoile retapée peut être une bonne affaire ; en ce qui me concerne, nous nous entendrons toujours, vous le savez bien ; j’y vois surtout une question de droit d’auteurs ; ce serait un peu d’argent tout trouvé, et je ne roule pas dessus »… Membrolle, mercredi [3 octobre 1888]. Il refuse de faire une parodie du Roméo et Juliette de GOUNOD : « Après le Petit Faust [d’Hervé], le Petit Roméo me paraît du réchauffé ou du refroidi ; les parodies à faire, fatalement, sur certains passages du Roméo de Gounod ne me tentent guère, et notez que pas une mélodie de ce Roméo n’est devenue populaire, donc aucune réminiscence ne porterait ; ce serait lugubre. De plus, moi, je ne puis pas faire ça ; qu’un Hervé ou tout autre déclassé de la musique se livrent à ces facéties, ça ne tire pas à conséquence ; moi, ça tirerait ; Hervé peut blaguer Gounod, moi pas ; on croirait que je l’ai fait exprès et j’ai le devoir de respecter cet homme qui a un immense talent, qui est un maître. Vous parliez de dignité ; précisément ; ma dignité ne saurait s’accommoder de cette besogne-là, et si pressé que je sois de gagner q.q. argent, je ne m’y attelerais à aucun prix. – Enfin, l’idée n’est pas heureuse. Cette idylle de Roméo et Juliette est délicieuse telle qu’elle est ; je ne la vois pas autrement. Je puis me tromper, il y a peut-être un succès là-dedans ; qu’un autre en profite. Je dois pouvoir arriver à vivre sans me moquer de Shakespeare, de Gounod, ni de moi-même »… Puis, au sujet de la Suite pastorale : « Ces 4 morceaux sont trop maigres pour être joués chez Lamoureux ; néanmoins, je ne te défends pas de lui dire que je les ai réorchestrés ; s’il en veut, il les prendra. – J’aurais préféré, pour chez lui le 1° Prélude Pastoral 2° Marche Française, qui seront très-chouettes à l’orchestre. Je les destine à la Nationale ; cependant, je les jouerai à Lamoureux quand je serai à Paris ; la Marche est drôle comme tout ; mais nous sommes fort loin de la Götterdammerung. Parle-lui donc de ces deux morceaux (qu’il ne connaît pas) comme si je venais de les faire tout de suite, entre deux scènes hautaines de Briséïs »… [La Membrolle] Mercredi [17 avril 1889]. Il espère que Mme Carnot viendra à son concert du 27 : « Vous pourriez lui faire porter votre chaise longue. D’Indy l’éventerait pendant que je conduirais et le père Franck lui proposerait de faire jouer son Quintette à une grande soirée, à l’Elysée ; ce jour-là, tout le monde beuglerait, les ministres, le corps diplomatique, les officiers de terre et de mer, députés et sénateurs, jusqu’aux gens du buffet qui se taperaient sur leurs cuisses, en rigolant, et entonneraient les pious-pious d’Auvergne ; – c’est comme ça que commencent les révolutions. – On exilerait le père Franck qui se retirerait à Bruxelles, avec M. et Made Bordes-Pène, Bordes jeune, Chausson, Bréville et Benoit ; et il y vivrait – mal – de q.q. leçons de contrepoint aux jeunes filles de la noblesse de l’avenue Louise. Il referait un second quintette »…. – 29 juin 1889. Sur ses mélodies, pour lesquelles il espère des paroles d’Armand Silvestre : « ce que je ne veux pas, par exemple, ce sont ces éternels parterres en 3 couplets où l’on cueille bêtement gratte-culs et chrysanthèmes ; ce que je ne veux pas, ce sont ces glaires où l’on s’aime au temps des petites fleurs ou pendant avril et mai ; laissons reposer ces deux mois de l’année qui me paraissent exténués et les petites fleurs dans les jardins. Du reste, un cul n’a-t-il pas dit : laissons les roses aux rosiers ? je suis de son avis. Or des sonnets, des petites pièces sur ces sujets-là, Armand en a bien, si je ne me trompe, lâché q.q. chose comme 300.000. Lacome, Baudon, vous deux en savez long là-dessus. Et Lacome a fait ça très bien. Depuis, et toujours sur avril, mai, fleur des champs et autres bougreries, le petit Bordes, Chausson, Marty, Bréville, Hue, Debussy, &a… ont composé des musiques recherchées, ingénieuses, mais un peu tourmentées, souvent tristes, éplorées, navrées, tant et si bien que dans les salons, quand on chante ça, on a l’air de porter le diable en terre ou de donner les derniers sacrements à l’auditoire. […] Eh bien, j’en ai par-dessus les oreilles. – Je ne vois que Fauré et Holmès qui sortent du genre lamentable. Moi je voudrais faire gai, mais du gai pour les 2 sexes ; du robuste, du bon enfant ; des fables, des contes, enfin autre chose que Fauré et Holmès et tous les autres en accolade »… Etc. Puis sur Briséïs : « Le 1er acte de Briséïs ne sera pas terminé, loin de là. Depuis que je suis parti, je me suis buté sur une situation ; tout ce que je trouve ne me satisfait pas et je n’ai rien conservé de ce que j’avais écrit ces jours derniers. C’est excessivement difficile, et pour moi cette difficulté s’accroit encore du désir absolu de ne pas faire embêtant, et il y a des endroits où, ma parole d’honneur, il me semble qu’il le faudrait !!! […] De plus (comme pour Gwendoline du reste, qui a bel et bien, vous vous en souvenez, été commencée en juillet 1879), il me sera impossible de faire ces 3 actes d’affilée ; je me répéterais, je n’aurais pas la variété, la fraîcheur d’idées sur lesquelles je dois compter en laissant reposer mon travail. Entre temps, je ferai autre chose »…

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Adjugé à

1 500 €

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