Emmanuel CHABRIER

Emmanuel CHABRIER

. 4 L.A.S. « Emmanuel » ou « Mavel », La Membrolle juin-août 1890, à Mlle Annette DELAIRE, « Nanine » ; 10 pages in-8, 2 enveloppes. Affectueuse correspondance à sa chère Nanine. La servante des Chabrier, Annette Delaire, qui avait vu naitre Emmanuel, fut pour lui comme une seconde mère ; frappée d’une attaque de paralysie en juillet 1889, elle est installée dans la Maison Saint-Joseph à Arcueil, ou elle mourra en janvier 1891 ; Chabrier va lui adresser régulièrement des lettres touchantes, pleines de tendresse et d’humour, qui sont une amusante chronique de La Membrolle. [Correspondance 90-81, 84, 92, 96]. – 20 juin. « Ah ! ma petite Nanine, qu’il fait donc chaud ! Je sors du jardin ; nous avons, avec André, fait une séance de sécateur, comme tous les jours et nous avons donné aux chardonnerets une grosse branche d’une herbe qu’ils aiment beaucoup mais dont j’ignore le nom et j’ai cru qu’ils allaient s’avaler tous les deux : ils étaient furieux, ils ouvraient des becs, il fallait voir ! c’est comme beaucoup d’entre nous, pour bouffer ça se ferait tuer et, du petit au grand, c’est toujours l’éternelle loi de nature, à qui sera le plus fort, et ôte-toi de là, que je m’y mette ! » Amusant récit d’une noce campagnarde : « tout ce monde est parti de chez le papa, […] ça figurait un long serpent tout le long du village ; il y avait là des chapeaux haut de forme qui devaient dater de Louis-Philippe et qui se cramponnaient sur des têtes d’horribles vieux avec des redingotes et une blouse bleue par-dessus […] deux bonshommes sont montés près de l’harmonium et ont gueulé d’une façon tellement cocasse que tout le monde rigolait ; jusqu’au curé qui est parti d’un tel éclat de rire qu’on ne pouvait plus l’arrêter »… Etc. – 23 juin. « Ce matin, on a fait de la confiture de fraises, et au dessert, André s’est léché les babines avec le déchet, tu sais. – Hier soir, assemblée de Mettray, mais c’était idiot »… – 24 juillet. « Ma petite Nanine, C’est aujourd’hui ta fête et la grand’mère et la maman et André sont en train de te confectionner un petit bouquet, que tu recevras, je pense, avec cette lettre. Pour moi, Ste Anne, c’est toi, je n’en connais pas d’autres et nous espérons que la pauvre jambe ira mieux ». Il doit aller à Paris pour le mariage Wilder. « Marcel viendra avec les Enoch te voir dimanche, dans l’après-midi probablement. Nous viendrons avec la maman dans le courant de la semaine : ça te surprendra, ma pauvre vieille ! »… Alice Chabrier et sa mère Mme Dejean ont ajouté quelques lignes. – 4 août. À la fin de la lettre écrite par ses fils Marcel et André, Chabrier a ajouté : « Ah ! j’ai passé la plume aux petits pour aujourd’hui ! – Je ne la leur prends que pour te dire que tu sais bien que je t’aime de tout mon cœur ainsi que toute la maisonnée ! »