Julie Élise Germaine Casse naît en 1881 à Paris. Sa mère est une institutrice originaire du Sénégal et son père un politicien natif de la Guadeloupe, où elle semble avoir passé sa petite enfance. En 1889, son père quitte ses fonctions et la famille s’installe dans le Sud de la France. Là, Germaine Casse deviendra l’élève du peintre Pierre Grivolas, par ailleurs directeur de l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon. En novembre 1920, l’artiste obtient du Ministre des Colonies (Albert Sarraut) et de la Société Coloniale des Artistes Français (SCAF) une bourse pour un voyage en Guadeloupe. La République Française dans les Années 20 cherche en effet à valoriser la Martinique et la Guadeloupe comme des modèles de réussite pour le nouvel Empire en développement. En accord avec cet imaginaire républicain à volonté universaliste, Germaine Casse s’engage à passer deux années sur l’archipel pour y former les artistes antillais, peignant sur le même temps près de 200 tableaux. Cette mission servira de tremplin à la carrière de l’artiste qui, en se spécialisant dans les sujets guadeloupéens, fera figure d’innovatrice lors du Salon de 1921 puis à l’Exposition Coloniale de Marseille en 1922. Soutenue par les élites coloniales, Germaine Casse repart en Guadeloupe en 1923 et organise du 12 au 14 mai 1923 le premier Salon Artistique de Pointe-à-Pitre , une manifestation dont les rares images donnent l'impression d'une mission accomplie. Elle créé ensuite la Société des Artistes Antillais le 15 janvier 1924, qui organise le premier Salon des artistes Antillais à Pointe-à-Pitre du 15 au 31 mai. Organisé en présence des élites locales mais en l’absence des artistes locaux, l’évènement ne semble répondre (à l’instar du Salon de 1923) que d’une stratégie de communication envers la Métropole. Présentée comme la pionnière d’un art spécifiquement antillais mais dont les bases se sauraient être que françaises, l’artiste semble en effet avoir échoué à impacter la vie artistique guadeloupéenne. Pourtant, et dès son retour à Paris, Germaine Casse prend la tête de la nouvelle génération des artistes antillais, exposant en 1924 au Salon d’Automne puis en 1925 à l’Exposition des arts décoratifs de Paris avant de se voir consacrer une exposition personnelle à la Galerie Georges Petit, en août 1925. Patronnée par le Ministère des Colonies, cette exposition marque la suprématie incontestable de l’artiste sur les sujets "antillais", autour desquels elle enchaînera par suite les expositions dans son atelier parisien. En parallèle, Germaine Casse réalisa un décor antillais pour le Music-Hall Le Palace (Montmartre) et scénarisa en 1928 des revues antillaises dansantes. Puis, de 1930 à 1931, une nouvelle mission du Ministère des Colonies l’envoi en Martinique pour préparer l’Exposition Coloniale pour laquelle elle réalise de nombreux panneaux décoratifs. Il semblerait également que l’artiste aura "travaillé avec Jean Dunand, en 1930, sur un paravent à quatre feuilles au décor exotique" . Au service d’un discours colonialiste sur l’art, l’œuvre de l’artiste participera néanmoins d’un nouveau regard sur les Antilles, les créoles noires et métissées devenant à travers elle des modèles de réussite, de beauté et d’élégance dignes des beaux-arts. Jusqu’à sa mort en 1967, Germaine Casse aura en effet représenté avec beaucoup d’énergie des portraits d’antillais et des vues insulaires "avec parfois aussi, dans certains aspects de nature, un sentiment qui n'est point dépourvu d'une assez captivante mélancolie."