SAND (George).

SAND (George).

LA.S. ""George Sand"" [Nohant], 15 août 1863, au musicien autrichien Joseph DESSAUER (1798-1876) (qu'elle appelle par son surnom ""Chrishni""), 7 pp. et ½, belle lettre sur la condition d'artiste, écrite 2 jours après la mort de Delacroix dont ils étaient tous deux proches, avec Chopin. Elle vante ses mérites après l'avoir retrouvé : ""toujours aussi naïf, aussi tendre et aussi aimable […] cher brave homme, ami charmant, digne maestro, grand artiste […]"". ""Et le soir, les lettres mystérieuses apportées sur la table par l'esprit familier, les phrases musicales qu'on croyait entendre en les lisant, tout cela a été gouté, senti, et tout en riant, on était attendri, on vous sentait encore là. […] Est-ce que nous n'habitons pas la lune et le soleil et toutes les étoiles, dès que notre pensée nous y transporte ? […] Où est notre cher grand Delacroix à cette heure ? […] L'absence et la mort ne diffèrent pas beaucoup, donc on ne se quitte pas, on se perd de vue, mais on sait bien que n'importe où, on se retrouvera."" Elle évoque les calomnies dont a été victime Dessauer, probablement suite à sa brouille avec Heine : ""[…] Vous m'avez promis trois choses. Oublier la calomnie : il le faut puisqu'elle ne vous a pas atteint et que personne n'y a cru. […] Ne pas croire à la maladie. La maladie c'est l'état de vie et de santé des artistes. Il n'y a pas de mort, il n'y a pas de maladie, on meurt pour revivre, on souffre pour se renouveler. Vous reposer mais dans l'idée de travailler encore plus, quand le repos aura fait son effet, et alors écrivez vos souvenirs personnels et faites de la mausique toujours, toujours […] Nous emportons avec nous ce que nous avons acquis, et nous l'emportons pour l'accroître dans l'éternité. Qu'importe que dans une ou deux de nos existences, nous n'ayons pas été assez compris, assez soutenus, assez encouragés, si nous avons entretenus le feu sacré en nous et dans les autres ? […] Toute la famille d'ici veut vous embrasse. Maurice que la mort de Delacroix a beaucoup affecté, surtout par la pensée qu'il est mort sans famille autour de lui ; Lina [femme de Maurice] qui vous présente son poupon à baiser […] Calamatta [Luigi Calamatta père de Lina] qui ne dit plus rien contre Delacroix et qui le regrette comme homme, sans l'avoir jamais compris comme peintre. […] Tous vous aiment et vous crient : Revenez ! […] Revenez avec de beaux lieden pour moi, de vous."" Cf. Répertoire des lettres publiées de George Sand (Revue d'histoire littéraire de la France) par Marie Cordroc'h (1962) n°2732 ; Correspondance Calmann-Lévy, 1883, Tome 4, pp. 358-360, n°DXXXII ; Correspondance de G. Sand (par G. Lubin, Classiques-Garnier, 1964-1995), tome XVIII pp. 21-23.