AMAURY-DUVAL (Montrouge 1808 - Paris 1885)

AMAURY-DUVAL (Montrouge 1808 - Paris 1885)

Le songe du peintre (ou Un peintre endormi près de son tableau et des anges qui terminent son œuvre inachevée)

Huile sur toile 164,5 x 123 cm Signé, localisé et daté en bas à gauche Amaury-Duval Florence 1836 Porte au dos sur le châssis un numéro manuscrit 3494 Amaury-Duval figure parmi les plus célèbres élèves et les plus proches suiveurs d’Ingres. A l’instar de son maitre, Amaury-Duval excelle dans l’art du portrait mais également dans les compositions religieuses, comme en témoigne Le songe du peintre réalisé à Florence en 1836. Le peintre envouté par la beauté de Florence et de ses artistes, reprend une légende selon laquelle le visage de la Vierge aurait été peint par un ange pendant le sommeil du peintre Fra Angelico, dans l’Eglise Santissima Annunziata. Dans le tableau de Amaury-Duval le peintre endormi revêt les traits de son fidèle ami et élève Edmond Geffroy qui était un grand acteur de la Comédie française et peintre de surcroit. Le tableau est jusqu’à ce jour resté dans la famille du modèle malgré un vol, mais heureusement réapparu et restitué au propriétaire lors d’une vente à Drouot en 1999. Amaury Duval est très attaché à cette œuvre, il pense que la critique ne sera pas le recevoir et que le Salon sera plus clairvoyant mais c’est tout l’inverse qui se produit. «… un tableau que j’ai commencé et que je ne pouvais faire qu’à Florence. C’est une inspiration de Beato Angelico, j’appelle ça inspiration moi, c’est tout simple, mais vous autres à Paris allez traiter ça de copie, d’infâme imitation. Que voulez-vous que j’y fasse, j’ai cru que je devais mettre dans une œuvre le profit que j’avais tiré d’un maître. Je baisse donc d’avance la tête. Advienne que pourra. J’espère l’avoir fait pour le Salon. » Malheureusement le tableau sera refusé au Salon de 1837 en dépit des critiques élogieuses de la presse qui en parle de la sorte : « … œuvre d’un haut mérite qui rappelle à la fois le dessin ferme et correct de M. Ingres et la manière simple et gracieuse des maitres de l’Ecole florentine. Le sujet de ce tableau inspiré sous le ciel d’Italie a été rendu avec une poésie douce dont l’harmonie contraste avec ces peintures à effet en vogue aujourd’hui. Je comprends que ceux qui aiment le style à effet ou si l’on veut le pittoresque n’entendent rien à la peinture simple et naïve qui presque toujours est le cachet du talent véritable. On cherche le calcul et l’artifice mais comment ne pas voir que le calcul dans l’art est destructeur de l’enthousiasme et que sans l’enthousiasme il n’est ni poésie ni peinture possible. Aussi aujourd’hui que l’on ne sait ni caractériser ni reproduire sur la figure humaine les mystères de l’âme, que nous donne-t-on ? Des sujets où tout est arrangé d’avance pour éblouir et frapper les yeux comme à une représentation de théâtre ? Ornements, accessoires, des ajustements copiés avec la misérable patience d’un ouvrier lapidaire, des attitudes dont on a toujours travaillé l’effet. Avec cela on peut attraper de l’argent mais de la gloire jamais… Aussi que M.Duval poursuive sa route avec fermeté, cet artiste est un de ceux qui ont le plus d’avenir aujourd’hui. Qu’il reste fidèle aux nobles traditions qu’il a puisées dans l’étude des grands maitres et il aura contribué parmi nous à ramener l’art à sa poétique destination. »