NICOLAS REGNIER (1588 - 1667) PORTRAIT D’UNE SYBILLE Toile 57 x 50 cm La figure de Nicolas Regnier a été récemment réhabilitée grâce à la publication de la monographie publiée en 2007 ( A. Lemoine, Nicolas Regnier, Arthena, Paris 2007) et à l’exposition à Nantes en 2017 (« Nicolas Regnier ( v.1588 -1667). L’homme libre », Nantes, musée des Beaux Arts, 1 décembre 2017 - 11 mars 2018). Flamand de naissance, de langue française, Regnier a été l’élève d’Abraham Janssens à Anvers, a séjourné à Rome où il assimile la leçon caravagesque de Bartolomeo Manfredi, imprégné d’une conception plus vaste de «réalisme », avant de devenir le protégé des Farnese à Parme et terminer sa carrière comme l’un des artistes les plus en vogue à Venise. Notre tableau appartient à cette période vénitienne du peintre. Regnier arrive dans la cité des Doges en 1626 et ne quittera plus la Lagune, où il meurt en 1667. Dès son arrivée, il trouvera facilement sa place, ses relations s’intensifient, les commandes florissent et surtout son statut change, il devient « peintre salarié de la République » selon la définition de Malvasia. Il ajusta avec succès le langage Nicolas REGNIER, Sibylle phrygienne caravagesque au gout vénitien, en privilégiant le caractère sensuel, la théâtralité et la richesse décorative comme dans la série des Allégories, signé et daté 1626, peinte pour la cour de Savoie et conservée au Palais Royal de Turin. L’atmosphère mélancolique des toiles romaines a disparu à Venise, en laissant la place à un monde plus baroque, théâtrale, sophistiqué et mondain. Au cours des années 1630-1640, l’orientation classique de l’œuvre de Regnier s’affirme et les références à Guido Reni dominent celles du Caravage. Notre toile témoigne de ce gout adapté, plus proche des bolonais venus séjourner à Venise comme Desubleo, son demi-frère, ou Cagnacci. La figure de la Sibylle, prophétesse païenne annonçant la venue du Sauveur, est ici traitée comme un portrait, une jeune élégante dont la beauté du visage, à l’ovale parfait et aux trait nobles, rappelle les modèles de la statuaire antique. On rapprochera notre tableau d’une Sibylle Persique en collection privée, Paris ( toile, 55 x 49 cm, ill.1).