[MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de La Brède et de)]. De l'Esprit des Loix ou du rapport que les loix doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, &c. à quoi l'auteur a ajouté des recherches nouvelles sur les loix romaines touchant les successions, sur les loix françoises, & sur les loix féodales. Genève, Barrillot & fils, [1748]. 2 vol. in-4 de [4] ff.-XXIV-522 pp., [2] ff.-XVI-564-[3] pp. (errata). Veau marbré, dos à nerfs orné, tr. rouges (reliure de l'époque). Édition originale, avec le nom de l'imprimeur orthographié avec 2 r. Les feuillets préliminaires ont une pagination en chiffres romains mais seulement à partir de la cinquième page de la préface. Cette page est chiffrée I et la pagination se continue jusqu'à XXIV, où se termine la préface. Cet exemplaire contient tous les cartons dus aux corrections faites par l'auteur au cours de l'impression ou par les exigences de la censure. Avec les 2 feuillets d'errata placés à la fin du tome II. Véritable monument de la pensée politique, l'Esprit des Loix fut sévèrement attaqué dès sa parution (il sera même mis à l'Index et condamné par la Sorbonne en 1751), ce qui conduisit Montesquieu à publier en 1750 sa Défense de l'Esprit des Loix pour assurer lui-même la justification de son oeuvre. Cette œuvre fondamentale nécessita 14 ans de travail et paraîtra donc à Genève sans nom, grâce notamment à l'aide financière de Mme de Tencin. Si l'Académie de Bordeaux accueille immédiatement l'ouvrage de façon très positive, les conservateurs et membres de l'Église ne le voient pas d'un si bon œil, y lisant une mise en garde envers les monarques et les nobles et le risque de despotisme sans partage de pouvoir. Les encyclopédistes sont, quant à eux, partagés : certains comme D'Alembert (fils naturel de Mme de Tencin) chanteront ses louanges quand d'autres lui reprocheront une certaine forme de conservatisme, dans son approche favorable à l'aristocratie. Ce texte phare de Montesquieu a très certainement influencé la Constitution française de 1791 (en ce qui conerne notamment la séparation des trois pouvoirs) ainsi que celle des États-Unis d'Amérique (avec le principe des checks and balances). ""La première édition d’un livre de cette importance devra toujours être consultée par les éditeurs de Montesquieu ; d’ailleurs c’est celle à laquelle se rapportent plusieurs critiques de l’Esprit des Lois qui se conservent dans le cabinet des curieux."" (Brunet). Ex-libris M. Delarose, lieutenant général (cachet humide sur les pages de titre). Coiffes abîmées, coins usés, épidermures, angle du feuillet de faux-titre du tome I découpé, mouillures anciennes au tome I, galerie de ver angulaire entre les pp. 445 et 488 du tome I, galerie de vers (atteignant le texte) sur les derniers feuillets du tome II à partir de la p. 537. (Le Petit 495-497 ; Tchemerzine VIII, 459 ; Brunet III, 1859.)