Ettore SOTTSASS

Ettore SOTTSASS

Ettore Sottsass nait en Autriche en 1917, d'un père italien et d'une mère autrichienne.
Sa famille rejoint ensuite l'Italie où, encouragé par un père lui-même architecte il entreprend des études d’architecture au Politecnico de Turin. Son diplôme en poche en 1939, Sottsass se positionne vite dans un rapport conceptuel et métaphysique à la création, influencé notamment par son ami le peintre abstrait Luigi Spazzapan. Ces réflexions continueront de l'habiter tandis que la 2nde Guerre Mondiale fait rage et, après l’Armistice, il s’installe à Milan.
Là, il participe aux travaux de reconstruction et aux programmes de logements sociaux.

Sottsass est cependant rapidement opposé à des contraintes matérielles et des orientations politiques préoccupées d’efficacité, qui empêchent la réalisation de ses idées socialistes de « logement pour tous, beauté pour tous » . Convaincu que l’architecture ne peut « se décréter d’en haut », il décide d’y renoncer pour concevoir des « objets architecturés ».
Il fonde alors son agence de design Milanaise en 1947, avant de partir pour New-York où il travaille entre autres au sein du cabinet George Nelson. Là-bas, il découvre « la culture industrielle, au sens anthropologique » qu’il oppose à son Italie des années 1950 où « si on voulait une table, il fallait aller chez le menuisier ». Cette expérience le conforte dans l’idée de se concentrer sur le design industriel et, de retour en Italie, il entame en 1958 une collaboration avec l’entrepreneur Adriano Olivetti. Celle-ci durera un peu plus de 30 ans durant lesquels Sottsass – pourtant embauché comme designer du nouveau département d’électronique - est laissé libre d’expérimenter dans la création de meubles, de bijoux ou de céramiques, tout en continuant à dessiner sans cesse. Et au sein du département d’électronique, donc, Sottsass participe en 1957 à la création d’ELEA 9003, le premier ordinateur italien qu’il traite comme un « paysage électronique ». Avec une apparente simplicité et une approche ludique, il dessine des claviers et panneaux de contrôles masquant la machinerie et conçoit pour l'écran de la console une grille de cubes colorés, semblable à des carreaux de mosaïque gravés d'une lettre ou d'un symbole. Complexe mais élégante, la conception de l’ELEA 9003 lui obtient le prestigieux prix de design industriel Compasso d’Oro (Boussole d’or) en 1959.

Puis, au début des années 60, Ettore Sottsass devient directeur artistique chez Poltronova, éditeur de mobilier contemporain qui entend rénover la conception de l’habitat et expérimenter sur les matériaux et les formes. Il fait alors deux voyages qui bouleversent son rapport à la création. L’Inde d’abord, où il découvre l’omniprésence de la couleur et un rapport à la mort qui bouleverse sa vision du monde. Puis les États-Unis où il retourne pour se faire soigner d’une grave maladie rénale et est frappé le Pop Art, qui questionne la société de consommation. Il rencontre dans le même temps les poètes et écrivains de la Beat Generation, rebelles en quête d’une nouvelle spiritualité car conscient d’être « d'une façon non dramatique, au pied de leur propre mur » . De ces expériences naissent (entre autres) ses Céramiques des ténèbres - en 1963 - puis ses Céramiques des lumières - en 1964 - dans une démarche inspirée de la culture orientale où l’objet est un support de contemplation et de recueillement.

Sottsass est alors proche du mouvement radical de l’Anti-design, dont il publie les débats et réflexions anticonsuméristes dans sa revue Pianeta Fresco à partir de 1968. Il continue à dessiner et créer des formes nouvelles, dans une démarche où les questionnements politiques et sociaux sont de plus en plus centraux. C’est dans cette optique qu’il présente en 1972 ses « meubles containers », au sein de l’exposition du MOMA de New York « The New Domestic Lanscape ». Issus de sa réflexion sur un nouveau mode de vie, une nouvelle manière d’habiter et une nouvelle société, ces meubles résultent en une série de modules sur roulettes, bon marché et peu esthétiques mais contenant chacun une activité de la maison (douche, toilette, rangement, cuisine ...). Le but de Sottsass est ici de suggérer une nouvelle façon d’habiter parmi des combinaisons infinies d’éléments modulaires plutôt que dans la structure rigide d’une construction articulée autour d’eux.

En 1979, Ettore Sottsass collabore avec le « laboratoire pour une iconographie nouvelle » qu’est le groupe Alchimia et sa production toute en dérision de l’héritage fonctionnaliste. Il crée notamment une table qu’il baptise Le strutture tremano (Les structures tremblent), formée par un plateau de verre posé sur un piétement tubulaire en zigzag. Créées en séries limitées et volontairement hors du circuit de la production de masse, les pièces que Sottsass réalise avec Alchimia annoncent l’idée d’un « Nouveau Design » (Nuovo Design) et la naissance corolaire du Groupe Memphis qu’il fonde en 1981, à l’âge de 64 ans.
En 1985, Sottsass quitte Memphis pour se concentrer sur sa propre agence d’architecture, de graphisme et de design : Sottsass Associati. Il y travaille entre autres collaborateurs avec d’anciens membres du Groupe Memphis, le designer industriel James Irvine ou l’architecte Johanna Grawunder. Sa fin de carrière est un retour aux sources : faire de l’architecture.
Sottsass Associati comptera parmi ses clients de grandes entreprises et une clientèle internationale et prestigieuse.

Du design industriel à l’artisanat, l’œuvre d’Ettore Sottsass est un jalon dans l’affirmation de l’esthétique post-moderniste et une réflexion sur un design qui n’asservirait pas l’homme à l’objet. Ainsi qu’il l’affirma : “Le devoir des artistes doit être d’indiquer les chemins de la fantaisie, de la surprise, de l’indépendance” .