Skip to main content
Back to creators

Ruth FRANCKEN- 1924-2006

A banner

"Non, la poésie ne mourra pas, même en dépit d’un art nouveau pour une société nouvelle.

Le style c’est l’Homme. Ouais. Et l’homme c’est le poète.

Ainsi, le style c’est le poète."[1]

 

Ruth Francken est issue d'une famille de confession juive des environs de Prague avec qui elle vivra successivement à Vienne, à Paris, puis en Grande-Bretagne après l’entrée en guerre de la France en 1939.

Là, elle rencontre le peintre de l’avant-garde roumaine Arthur Segal, dont elle suit les cours à Oxford pendant quelques mois avant d’émigrer à New-York en 1940. Francken y poursuit sa formation en peinture à l'Art Students League of New York et obtient en 1942 la nationalité américaine. L'année suivante, elle débute comme dessinatrice de textiles, métier qu'elle abandonnera en 1949 pour retourner en Europe et s’installer à Venise en 1950 pour se consacrer à la peinture.

 

Elle commence à exposer en 1950 à la Galerie du Dragon, à Paris, ville où elle s’installe définitivement en 1952.

Sa peinture est alors associée à l’Art Informel et à l’Expressionisme Abstrait, mais son insatisfaction face à ses propres peintures la conduit à abandonner le médium en 1964. Ruth Francken se tourne alors vers différentes techniques pour produire des œuvres qui déclinent obsessions pour la technologie, relation entre œuvres artistiques et produits manufacturés et son propre rapport conflictuel à l'art.

Un travail pluriel que l’artiste explique[2]

"En fait, évitant le pinceau, je ne peignis plus jusqu'en 1984. Comment fuir en peinture le déjà-vu ? Parallèlement au travail de collages, de dessins et d'objets - reliefs et sculptures - que j'avais initié, j'enseignais à Paris, puis à Santa Barbara, en Californie de 1973 à 1980. (…) C'est ainsi que j'en vins à exploiter la photographie comme moyen à la place du pinceau et de la peinture à l'huile. L'exploitation que je fis de ce procédé débuta vers 1970 avec les dessins/collages aux ciseaux et les dessins/collages aux pains."

 

De 1966 à la fin de sa vie, Ruth Francken travaille essentiellement dans son atelier à Paris, qu’elle ne quitte que pour donner des cours de peinture en 1978 au Sarah Lawrence College de Paris ou en 1979-80 à l'Université de Californie de Santa Barbara. Exposant surtout à l'étranger, l’artiste ne cessera jamais d’approfondir une œuvre protéiforme, à la frontière entre la sculpture et la peinture et qui charrie dans sa course métal et objets industriels.

 

Ruth Francken meurt à Paris en 2006 et repose au cimetière de Montmartre.

Lors de son enterrement, son ami François Chevallier lui lit un texte en adresse directe évoquant : "La force, l'intensité, voire la violence sous-tendant tranquillement toutes tes formes, dans tes peintures convulsées, tes machines discrètement funèbres, tes objets trop lisses ou ces visages reconstruits comme des agrandissements de la fissure de l'être."

Il y a en effet dans l’œuvre de Ruth Francken une évidente férocité et un goût pour les objets contondants comme une mise en forme monumentale de la cruauté. Quelque chose de la Machine de La Colonie pénitentiaire de Kafka, une machine à écrire qui punit par l’écriture dans la chair même du supplicié.

 

Marginales, disparates et irréductibles aux divers courants artistiques d’après-guerre, les œuvres de Ruth Francken figurent dans les collections permanentes du Tate Modern de Londres ou du Centre Pompidou.
 


[1] Ruth Francken in Opus International, N° 47, novembre-décembre 1973, page 43

[2] dans une vidéo "Entretien pour l'Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain" réalisé en 1999 par Claude Guibert.

 

Oeuvres de Ruth Francken

La maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Chana Orloff. Florian Douceron, clerc spécialiste du département département Arts Décoratifs du XXe siècle, vous décrypte une œuvre phare de l'artiste, adjugée 22 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle :

ruth francken estimation gratuite vente aux enchères arts déco design
Ruth FRANCKEN : "Homme", design créé en 1971, adjugée 22 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle :

 

"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?"[1]

 

Équivoque et fascinante, la chaise "Homme" de Ruth Francken est à la fois une icône des Années 70 et l’œuvre la plus connue d’une artiste confidentielle.

 

En 1964, la plasticienne abandonne la peinture pour produire des objets qu’elle revêt de symbolisme et qui incarnent son esprit de révolte et son engagement politique. Cette série qu’elle baptise "Objekte" s’étend de 1967 à 1976. Participant de cette série, la chaise "Homme" est créée pour la galerie parisienne Christiane et Éric Germain à partir du moulage en plâtre d'un corps masculin assis sur une chaise, modèle qui sera ensuite moulé en polyester teinté blanc ou noir. 

Transformé en assise, le corps masculin et acéphale devient un produit de masse, anonyme et manufacturé. Sous couvert d’une imagerie Pop, le propos est virulent et licencieux. "Homme" est en effet une création contemporaine du féminisme de la deuxième vague dont elle partage une des réflexions : celle de l'imagerie capitaliste où le corps humain échappe à son propriétaire par appropriation de l'imaginaire sexuel et commercial.

Deux ans après les mobiliers féminins d’Allen Jones, scandaleusement érotiques et misogynes, Ruth Francken propose un changement de paradigme. Le corps devenu meuble semble, chez elle, indifférent au genre projeté, comme servant un fantasme de forniphilie qui mêlerait allégrement bondage et sado-masochisme. Allégrement car ce fauteuil anthropomorphe, a contrario des formes de Jones, ne semble pas souffrir de sa condition. Il semble presque incarner la charmante définition[2]du verbe "Asseoir (s')" :

"Contentez s'il vous plait, l'envie que ce siège à de vous embrasser."

 

Sans contrainte imposée au support, il persiste toutefois ce propos indépassable par lequel le consommateur, l’usager, est invité à s’assoir sur un corps anonymisé. On peut penser que le propos de Ruth Francken est là : la critique d’une société où la négation des individus passe par leur réification.

 


[1] Alphonse de Lamartine, avant-dernier vers du poème "Milly ou la terre natale" in Harmonies poétiques et religieuses, 1830.

[2] dans le Dictionnaire des précieuses d’Antoine Baudeau de Somaize, 1660.

Get a free estimate now

  • Response in 48h
  • Confidential
Your estimate

Our sales results “Ruth FRANCKEN”

Sold to €1,000

Sold the 2013/11/20

Ruth FRANCKEN (1924-2006)

Composition
Lot 42

Sold to €800

Sold the 2012/04/04

Ruth FRANCKEN (1924-2006)

Composition, 1953
Lot 70

Sold to €22,000

Sold the 2023/11/07

Ruth FRANCKEN (1924 - 2006)

"Homme"
Lot 35

Sold to €80

Sold the 2023/12/08

Ruth FRANCKEN (1924-2006)

Lot 165

Sold to €200

Sold the 2022/03/30

Ruth FRANCKEN (1924-2006)

Lot 238

Creators of the same period

Default creator photo
Tahia HALIM
1919 - 2003
Default creator photo
Paul AIZPIRI
1919 - 2016
Zao WOU KI
1920 - 2013
Default creator photo
Michel BASBOUS
1921 -
Manoucher YEKTAI
1921 - 2019
Joseph BEUYS
1921 - 1986
Default creator photo
John CHRISTOFOROU
1921 - 2014
Serge MOUILLE
1922 - 1988
Bernard QUENTIN
1923 - 2020
Helen KHAL
1923 - 2009
Nejad DEVRIM
1923 - 1995
Mithé ESPELT
1923 - 2020

Our news and events interest you,
subscribe!

Skip to top