Claude Gellée (ou Gelée), dit « le Lorrain », né à Chamagne vers 1600, est un peintre, dessinateur et graveur lorrain, figure majeure du paysage de style classique. Après avoir été mis par ses parents en apprentissage chez un pâtissier, il suit ce dernier à Rome et y trouve du travail comme cuisinier auprès du peintre Agostino Tassi (1580-1640). En plus des travaux domestiques, il broie les couleurs de son maître, et a ainsi l’occasion de le voir peindre. Il s’essaie lui-même à la peinture et étonne le peintre, au point que celui-ci commence l’éducation de Claude Gellée dans l’art pictural. Entre 1617 et 1621, Il réalise un séjour à Naples lors duquel il étudie auprès du paysagiste Goffredo Wals (1595-1638). Puis, à l’âge de 25 ans, il quitte l’Italie et fait de longs voyages en Suisse et en France, notamment de 1625 à 1626, où il est élève de Claude Deruet (1588-1660) à l’église des Carmes de Nancy. Influencé par les grands paysages d’Annibale Carracci (1560-1609), il forge son propre style et peu à peu, l’effet de la lumière devient sa préoccupation majeure. Admis à l’Académie de Saint-Luc de Rome, il reçoit dans une première période des commandes du pape Urbain VIII. Il peint alors de nombreux ports imaginaires, invitations au voyage, à l’architecture néo-classique de la Renaissance italienne, baignés par la lumière rasante d’un soleil couchant situé dans la ligne de fuite du tableau. On y retrouve souvent des scènes d’embarquement grouillant de débardeurs affairés, comme dans « Marine » (1634), « Port de mer au soleil couchant » (1639), ou « Le Débarquement de Cléopâtre à Tarse » (1642). À partir de 1635, son travail est reconnu et ses toiles très demandées, si bien qu’il obtient des clients très importants, non seulement le pape Urbain VIII mais aussi le roi Philippe IV d'Espagne. Ainsi, des faux à son nom commencent à être produits et vendus, ce qui n’est pas du tout au goût du Lorrain qui, ne souhaitant pas que des copies puissent être prises pour ses originaux, met en œuvre un procédé original et efficace pour lutter contre ces contrefaçons : il reproduit en dessin chacune de ses œuvres dans un recueil appelé « Liber Veritatis » (« Livre de la Vérité) ». Pour chaque tableau, il précise le titre, la date ainsi que le nom du commanditaire. À partir de 1640, l’influence des œuvres d'Annibale Carracci et du Dominiquin (1581-1641) se font sentir et, à partir de 1645, il s’oriente vers des œuvres plus apaisées, à la lumière uniforme, d’inspiration mythologique ou biblique : « Bord de mer avec Apollon et la sibylle de Cumes » (1647) ou « Mariage d’Isaac et Rebecca » (1648). À la fin de sa carrière, l’artiste retrouve son inspiration première dans des sujets plus symboliques qui lui permettent d’explorer à nouveau le travail de la lumière : « Paysage avec Tobie et l’ange » (1663) et « Paysage avec Énée chassant sur la côte de Libye » (1672). En 1663, Claude Gellée bénéficie du mécénat du prince Colonna, mais tombe gravement malade, souffrant beaucoup de la goutte.