Charles Michel-Ange Challe, né à Paris en 1718, est un peintre, dessinateur et architecte français. Il joue un rôle essentiel dans la transition entre le style rocaille et classique et est connu comme l’un des contributeurs essentiels à la création du style Louis XVI. Il étudie d’abord l’architecture auprès du moine dominicain Frère André avant de rejoindre l’atelier de François Lemoyne (1688-1737), alors au somment de sa gloire. Après le suicide de ce dernier, il devient l’élève de François Boucher (1703-1770) dont il deviend l’ami et dont la technique l’influence durablement. En 1738, il tente une première fois le prix de Rome et arrive second, puis en 1740 et 1741, année où il reçoit le grand prix pour sa « Guérison de Tobit ». En 1742, il arrive à Rome en qualité de pensionnaire du roi à l’Académie de France. Sous la direction de Jean-Francois de Troy (1679-1752), il réalise des copies des Stanze de Raphaël (1483-1520) au Vatican, en particulier celle de « La Rencontre entre Léon Ier le Grand et Attila », afin de les envoyer aux Gobelins comme cartons pour des tapisseries. Il joue également un rôle prépondérant dans l’élaboration de décors festifs, dans le cadre du carnaval de 1748 et est amené à collaborer avec les architectes Louis-Joseph Le Lorrain (1715-1759), Ennemond-Alexandre Petitot (1727-1801) et Charles-Louis Clérisseau (1721-1820) qui renforcent sa manière et technique néoclassique. Mais cette période est surtout marquée par ses dessins de monuments dans le style de Piranèse (1720-1778), ainsi que la traduction en français des ouvrages théoriques de celui-ci. En effet, l’influence du grand dessinateur sur l’Académie de France, voisine de l’atelier où ses œuvres étaient gravées, est connue. De retour à Paris en 1749, il connait un succès important et est alors connu comme l’un des peintres les plus en vue. En 1752, il devient membre agréé de l’Académie Royale de peinture et de sculpture puis académicien deux années plus tard, et enfin professeur de perspective, en remplacement de Sébastien Leclerc (1676-1763) en 1758. Par ailleurs, lors de sa réception à l’Académie, il offre « L'Union des Arts de Peinture et de Sculpture par le Dessin », qui orne le plafond de la salle de séances. Il expose au Salon de 1753 et continue à y participer les années suivantes, bien que ses travaux pour le Salon de 1763 lui valent de violentes critiques de Diderot (1713-1784). Il continue néanmoins à être très fortement sollicité et décore de nombreuses églises (Oratoire du Louvre, Couvent des Feuillants, Saint-Hippolyte et Saint-Roch à Paris) et hôtels particuliers (hôtels du Palatin de Lituanie, de Soyecourt, de Malte, du duc de Praslin, du duc d’Aiguillon.) En 1765, à la mort du sculpteur et ornemaniste René Michel Slodz, il est nommé dessinateur de la chambre et du cabinet du roi. Il s’illustre en particulier dans les premières années par les architectures éphémères qu’il crée pour les grandes pompes funèbres à un moment où le goût est en transition vers le néoclassicisme « à la grecque. » Ainsi il conçoit les monuments de l’infant Philippe de Bourbon, duc de Parme puis de Louis, dauphin de France, Stanislas Leszczynski, roi de Pologne, Elisabeth Farnèse, reine d’Espagne, la dauphine Marie Josèphe de Saxe, la reine de France, Charles-Emmanuel III de Savoie puis enfin du roi Louis XV lui-même. Il crée aussi les décors pour les autres cérémonies royales : entrées, mariages, lits de justice, fêtes et divertissements, comme en 1770, avec le décor éphémère du mariage du dauphin. Cette même année, il est anobli, reçoit le titre de chevalier de l’ordre de Saint Michel et est reçu à l’académie des sciences et des beaux-arts de Lyon.