Romain BEOT
Jean-François MARMONTEL.
- Description
Jean-François MARMONTEL.
L.A.S., 10 janvier 1790, à un confrère ; 3 pages et demie in-4. Longue et intéressante lettre relative au scandale de la parodie de la grande scène de Cinna. [Cette parodie, écrite par M. de CURY en 1759, ridiculisait le duc d’AUMONT et le duc de PRASLIN ; Marmontel ayant dit ces vers chez Mme Geoffrin, on lui attribua cette satire, ce qui lui valut de perdre le privilège du Mercure ; il fut conduit à la Bastille, ce qui lui ferma (jusqu’en 1763) les portes de l’Académie française, où Antoine-Léonard THOMAS, soutenu par le duc de Praslin, refusa de se présenter à la place de son ami (voir le livre VI des Mémoires de Marmontel).] Au sujet de la biographie de Thomas (mort en 1785) que prépare Alexandre DELEYRE, Marmontel, mécontent, rectifie les faits. « Si, sur le fait de la Parodie de la scène de Cinna, Mr De Laire, en ami de la vérité, avoit voulu la tenir d’origine, il auroit pu s’adresser à moi ; je la lui aurois mise au clair, et lui en aurois produit les preuves. Mais puisqu’il aimoit mieux la laisser dans le doute, au moins auroit il pu s’en tenir à dire que cette parodie m’ayant été gratuitement attribuée, et Mr de Praslin se trouvant blessé légèrement par un vers de cette satyre, il ne m’avoit pas cru assez puni par onze jours de Bastille et par la perte du brevet du Mercure qui me valoit par an quinze à vingt mille livres ; qu’il avoit encore voulu me fermer la porte de l’académie françoise », en demandant à Thomas de s’y présenter face à lui. Thomas ayant répondu « que j’étois son ami, que c’étoit à moi, le premier, qu’il avoit confié les ouvrages de sa jeunesse, que j’avois cordialement répondu à sa confiance, ; et qu’il croiroit entrer à l’Académie par la mauvaise porte, si pour y arriver, il en écartoit son ami. Ce fait simplement exposé, auroit montré dans toute sa noblesse la conduite de Mr Thomas ; et j’en aurois été content. Si cependant Mr De Laire avoir voulu en savoir davantage, voici ce que j’aurois pu lui dire. La parodie de la scène de Cinna étoit l’ouvrage de Mr de Cury, à qui Mr le Duc D’AUMONT, l’un des premiers gentils-hommes de la chambre, avoit fait perdre sa place d’intendant des menus plaisirs, et qui en gardoit quelque rancœur, ce qui etoit assez naturel, car il en étoit ruiné. Cependant je lui dois ce témoignage que cette parodie, telle qu’il l’avoit faite, n’avoit rien d’âpre et de mordant ; elle étoit comique et piquante. Ce fut en passant de main en main dans le public qu’elle s’envenima, et qu’elle devint injurieuse »… Comme beaucoup de monde, Marmontel s’amusa à en réciter les vers, qu’il tenait directement de son ami Cury, ce qui lui valut sur le champ d’être accusé d’en être l’auteur, dont il refusa de révéler le nom. Malgré ses protestations, le duc de CHOISEUL ne voulut pas froisser le duc d’Aumont ni M. de Praslin « qui tous deux attachoient leur gloire à ma ruine. Cependant comme on avoit honte de me punir d’être honnête homme, on me laissa mille écus de pension […] et le Roi me permit d’aspirer à l’Académie ». C’est alors qu’on voulut mettre Thomas sur son chemin, mais la belle conduite de leur illustre ami demeura « analogue à son caractère »… Etc.Vente terminée
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