PREEMPTION - SAND (George).

PREEMPTION - SAND (George).

MANUSCRIT ""Les Légendes rustiques"". In-8 de [15] pp. manuscrites à l'encre bleue avec biffures et corrections à l'encre bleue ou brune (feuillet final vierge). Une partie du texte manque entre les deux derniers feuillets mais tout le reste se suit parfaitement bien. Très beau texte de George Sand, paru dans le Magasin Pittoresque en 1857, sur sa région du Bas-Berry. Prenant appui sur l'exposition de peinture de son fils Maurice qui ""s'est attaché à reproduire les légendes fantastiques de cette partie de la France"", elle explique l'origine des légendes locales et ""la poësie à la fois sombre et burlesque des antiques légendes"" par les particularités de la nature et de la campagne et déplore la disparition de cet état de nature et des croyances qui en procèdent : ""Ces croyances passeront, ces lieux seront transformés. Chaque jour de progrès, quelque lent qu'il soit dans certaines campagnes, travaille à son œuvre persévérante et emporte ici une superstition locale, là un coin obstrué du désert. […] Hélas, disent les artistes, la terre sera bien ennuyeuse quand la charrue aura passé partout, et quand le paysan sera un bourgeois voltairien. Je l'avoue aussi, moi, je sens la nécessité des grandes réformes agricoles, et pourtant je m'étonne encore quand un villageois me dit qu'il passe désormais sans terreur aux lieux où, dans sa jeunesse, le fadet, sous la forme d'un loup noir ou d'une chienne blanche, lui sautait sur les épaules […]"" Ne contestant pas donc la nécessité du progrès, elle regrette la disparition à venir des récits fantastiques, ""l'hallucination [étant] d'ailleurs un fait psychologique et physiologique qui trouve, à chaque instant, sa place nécessaire dans l'histoire des masses."" ""Et d'ailleurs, avons-nous bien envie de railler les visions et les crédulités des gens de campagne, nous qui voyons la croyance passionnée aux tables parlantes et aux jongleries à la mode des médiums, défrayer les loisirs et enflammer les imaginations du plus beau monde? "" Elle finit en défendant la personne du paysan et en vantant, avec un incroyable écho à notre monde actuel, les mérites de cette terre alors que ""nous avons de ces inégalités de température en France."" ""Raison de plus pour chercher, sur un espace bien autrement vaste […] où règnent les bénignes influences, la facilité des transports, la vie à bon marché, et le grand avantage d'être à proximité de ses devoirs et de ses affections.""