Rare folio sur velin d'un petit coran
Proche Orient ou Afrique du Nord, Xe siècle
Folio sur parchemin de sept lignes par page en écriture coufique à l’encre brune, donnant la sourate XVII, « Al-Isra / Le voyage nocturne », la fin du verset 100 jusqu'à la fin du verset 104. Les signes diacritiques sont marqués par des points rouges et verts. Des boutons floraux dorés marquent la fin de chaque verset et une rosette rehaussée d’or marque les groupes de cinq ou dix versets.
(Un côté coupé)
8.4 x 11.6 cm.
Ce feuillet, d'apparence anodine, cristallise des questions au cœur de la recherche sur les premiers siècles de la production coranique.
Le matériel qui nous est parvenu permet de diviser la période selon deux paradigmes. Jusqu'au Xe siècle le Coran était copié sur un mode monumental, qui semble difficilement compatible avec une utilisation livresque des manuscrits : Il était enregistré dans des formats monumentaux, selon des normes graphiques et grammaticales qui empêchaient probablement toute personne non-spécialiste d'accéder au texte de ces manuscrits. A l'inverse, à partir du Xe siècle, le Coran fut copié avec des standards stylistiques particuliers mais selon les mêmes modalités matérielles que tout autre manuscrit en caractères arabes : lisibilité, possibilité de circulation et d'utilisation livresque.
Dès lors, qu'en est-il des corans "de poche" produits jusqu'au Xe siècle ? Ont-ils existé, au-delà des très rares exemples qui nous soient parvenus ? Ont-ils été abondamment produits, mais moins largement préservés que leurs contemporains plus impressionnants ?
La publication même de ce feuillet, miniature et pourtant si évidemment luxueux, ouvre de fascinantes voies de recherche tenter de comprendre la réception et les vécus de la réception du Coran dans les premiers siècles de l'Islam.
This apparently insignificant leaflet crystallises questions at the heart of research into the first centuries of Qur'anic production.
The material that has come down to us allows us to divide the period into two paradigms. Up until the 10th century, the Qur'an was copied in a monumental fashion, which seems difficult to reconcile with the bookish use of manuscripts: it was recorded in monumental formats, according to graphic and grammatical standards that probably prevented any non-specialist from accessing the text of these manuscripts. Conversely, from the tenth century onwards, the Qur'an was copied using specific stylistic standards, but in the same way as any other manuscript in Arabic script: legible, easy to circulate and suitable for use in books.
So what about the 'pocket' Korans produced up until the tenth century? Did they exist, beyond the very few examples that have come down to us? Were they abundantly produced, but less widely preserved than their more impressive contemporaries?
The very publication of this miniature and yet so obviously luxurious folio opens up fascinating avenues of research in an attempt to understand the reception and experiences of the Qur'an in the first centuries of Islam.
Provenance:
Vente publique, Tajan, 10 et 11 Décembre 2002, Expert L. Arcache, n°97.
