Emmanuel CHABRIER

Emmanuel CHABRIER

. 2 L.A.S., La Membrolle juin-juillet 1886, à Paul BURANI et Émile de NAJAC ; 3 et 4 pages in-8. Aux librettistes du Roi malgré lui. [Correspondance 86-68 et 86-77]. [24 juin], à Paul BURANI. « L’air d’Alexina est terminé. Il se balade chez les Enoch ; si tu veux, vers 4 h., aller lui serrer la dextre et le passer au speculum, il est là, les 4 fers en l’air. […] Après avoir chanté ça, si Fritelli était un homme du monde, il ferait bien de payer une tournée à la duchesse pour lui graisser les cordes vocales ». Il presse Burani de finir la mise au point du 2e acte : « Le coup de fion, mais c’est toi qui le donnes. Bref arrange-toi avec lui, mais je veux que ça file comme le vent et que ce soit drôle comme tout. Plus de mastic, pour l’amour de Dieu, plus le moindre mastic. Et de l’IMPREVU ; expliquez dans le DIALOGUE ; que la musique, comme tu le dis, n’intervienne que pour exprimer, développer des sentiments. […] c’est dans le dialogue que la pièce marche surtout. C’est ce qui fait justement que dans les sacrés opéras, les récitatifs emmerdent leur sacré monde ». Il insiste sur « la variété des morceaux que comporte le 2d acte […] que PAS UN ne se ressemble comme intérêt. C’EST LA L’ESSENTIEL. Ce gros bougre de serment du milieu escompte le final ; il faut qu’Alexina le dirige, ce serment, mais que les conjurés soient drôles, qu’il y en ait de poltrons, de chauvins, que sais-je ? enfin qu’ils se disputent, que le dialogue passe de l’un à l’autre, que ÇA GROUILLE. […] De la variété et de l’à-propos, en ce qui concerne ma musique, voilà ton objectif absolu. […] Les couplets Minka sont mastocs ; fais-moi un refrain d’une autre coupe, 4 vers : 2 longs et 2 courts, entrelacés tendrement »… Etc. Il ajoute, pour finir : « Tu dois me trouver rien emmerdant. Mais on ne me changera pas, mon pauvre bougre ; je suis trop vieux ». Mardi [20 juillet ?], à Émile de NAJAC. « Ça commence à s’éclaircir. Voici le n° 6 retapé ; examinez-le et renvoyez-le-moi […] Mon impression, sur ce n° 6, est qu’il file bien. La 1ère partie en Trio est très gentille, c’est bien arrangé et l’entrée d’Alexina me semble bonne. […] N° 3 couplets de Minka. Burani en est ravi. J’attends mon final que je vous ai envoyé hier et qui me paraît bien aussi. N° 4 Duo. – Alors, c’est entendu : allons-y d’un peu de passion après les gondoles. J’attends aussi votre travail ». Puis Chabrier passe en revue les numéros du 3e acte… « N’oubliez pas Fritelli ; – non pas qu’il soit nécessaire de le faire chanter seul ; mais ce personnage est drôle ; ayez l’œil […] Il faut songer à lui comme chanteur épisodique dans ce 3e acte ». Vient ensuite une « Note pour le duo Nangis-Minka », pour lequel il donne des détails : « Ce morceau doit être très soigné et AMOROSO d’un bout à l’autre. Il faut qu’ils se disent des petites affaires très douces ; dans le genre du duo de Mireille (ô Magali) […] Les couplets d’Alexina, je les voudrais plutôt gais, spirituels. Pas de pleurnicheries. Elle doit être contente à cette heure »…