Emmanuel CHABRIER

Emmanuel CHABRIER

. 5 L.A.S., 1884-1893, à Édouard COLONNE et Madame ; 13 pages in-8, 2 avec en-tête. Belle correspondance au chef d’orchestre, concernant notamment España et À la Musique. [Édouard COLONNE (1838-1910) inscrivit souvent Chabrier à ses concerts ; il dirigea la première audition publique d’À la Musique, le 22 mars 1891. Correspondance 84-18, 91-2, 4, 17, et 93-35.] La Membrolle [juillet-août 1884]. 14 remarques numérotées pour l’exécution d’España avec 7 citations musicales. « 1° le harpiste (vous avez les 2 parties de harpes n’est-ce-pas ?) peut jouer la 1ère partie presque tout le temps ; page 32 de la partition, il poursuit le trait de la 2e harpe, qui, naturellement, ne doit pas être interrompu, jusqu’à la 3e mes. de la page 34. – En confrontant les 2 parties, cet artiste suppléera parfaitement au manque de 2e harpe. […] III° page 19 après la tenue de la 1ère Trompette, les 2 trompettes devront jouer la partie des pistons [musique] IV° page 24 – on peut supprimer (lettre E) les 2 1ères mes. de tromp. puis les 2 mes. de pistons – alors les tromp. jouent toute la partie chantante à 2 [musique] »… Etc. Il recommande encore : « Les trombones, dans leur solo en ré b, doivent jouer à toute volée, et se gober ; un peu rubato ; en pochards ; lorsque le passage revient aux cors et aux bassons, ce doit être gnian gnian & traînard, en nausée. – Dans la coda, les trombones, reprenant le même motif, doivent brutalement intervenir et chambarder les couples qui continuent à danser »… Paris 12 janvier 1891, à Mme Colonne (la cantatrice Eugénie Vergin), en lui offrant la partition de Gwendoline, qu’elle avait été « la première à en déchiffrer les fragments à l’époque, déjà lointaine, où je la composais ; c’était, vous vous en souvenez peut-être, chez Holmès, rue Mansart. Ça fait presque dans les dix ans, n’insistons pas ; ne nous plaignons pas trop non plus, car nous avons tous travaillé et quelque peu réussi, depuis cette époque, vous, Colonne, Holmès et moi. Vous me demandez des romances. Je ne suis pas très romancier de ma nature, et c’est malheureux, car le lied, agréablement gazouillé dans les salons, est, à l’heure qu’il est, le seul moyen pour le compositeur français d’arriver à payer relativement son terme. Les enfants de Massenet, sur les lèvres d’Holmès, c’est comme qui dirait une petite rente. Mais les blés d’or, les cils d’or, les cheveux d’or, les nuits d’Avril et les Mai d’or, ça ne dit plus rien à mon âme bourgeoise, et comment voulez-vous que je vous offre des romances qui s’appellent Les petits canards, Les gros dindons, La ballade des cochons roses, La valse des veaux et Le galop des rats, qui n’ont du reste aucun succès ! »... Paris 22 janvier 1891. Il a travaillé avec Edmond ROSTAND sur les paroles de son « petit chœur […] Ma musique est calquée, on peut le dire, sur ces paroles : elle en a le caractère très intime, tout simple, presque bon enfant ». Le titre sur le programme sera :« A la musique Chœur et solo pour voix de femmes (pour inaugurer la maison d’un ami) ». Il va donner la partition d’orchestre à graver à Baudon... Chabrier transcrit intégralement les paroles de l’œuvre : « Musique adorable, ô Déesse ! »… Il ajoute ce commentaire : « Examinez ces petits vers, très simples, très précis ; ils me semblent très particuliers, très intéressants, très câlins à dire, et je persiste très sincèrement à croire qu’en l’espèce, vers et musique se font mutuellement valoir »… – 17 mars, corrections à la partie de harpe (avec citation musicale). Paris 13 juin 1893. « Pourriez-vous me dire où se trouve ma partition-orchestre de Gwendoline. J’en ai besoin en ce moment ; je l’ai recherchée chez moi en vain »…