Henri POURRAT

Henri POURRAT

(Ambert 1887-1959). L.A.S., Ambert 30.XI.1919, [à RACHILDE] ; 2 pages et demie in-8. Très belle lettre de ses débuts (son poème Les Montagnards, publié chez Payot en 1919, est sa deuxième œuvre éditée). Il est désolé que Rachilde n’ait pas encore reçu Les Montagnards, et la remercie « d’avoir bien voulu mentionner mon livre, et de tout ce que vous me dites. Il y a toujours un vrai plaisir à entendre une parole de vérité et, je crois pouvoir l’écrire, de bienveillante sympathie. Je ne me faisais point trop d’illusions et j’envisageais déjà les choses comme vous me les montrez. Cependant j’ai cru qu’il fallait tenter tout le possible, et je reste fier d’avoir eu votre appui. Et mériter votre lettre. Elle n’est pas très encourageante, Madame, et cependant elle a quelque chose qui ne me décourage point… Je ne me plains pas d’être retenu à Ambert, mais de n’en pouvoir point sortir : je ne saurais guère me passer de ce pays et n’imagine pas pouvoir vivre ailleurs. Je sens d’ailleurs fort bien qu’on ne peut guère avoir tout ensemble la solitude, les choses vertes, la paix et les honneurs avec les argents. Mais les choses sont telles pour moi que je ne puis qu’écrire, étant condamné au mutisme, au repos et au grand air. Or je voudrais écrire de probe façon et depuis dix ans que je m’essaie aux lettres je n’ai sûrement point touché cinq cents francs en tout et pour tout. Je n’ai pas pour l’instant d’inquiétude matérielle ; cependant les miens n’ont pas de fortune ; et surtout j’aurais le grand désir de commencer à gagner ma vie. Ceci vous explique, Madame, ma tentative sur un prix littéraire qui aurait pu me faire connaître et faciliter des débuts qui s’éternisent »… On joint un portrait gravé par François ANGELI, avec annotation autographe (1931) ; et une L.S., réponse à une enquête (1934).