HEINE (Heinrich).

HEINE (Heinrich).

Fragment autographe du chapitre III du poème ""Deutschland, ein Wintermächen"", publié pour la première fois en 1844, slnd, 1 p. in-4 oblong à l'encre noire. Très rare. Avec une attestation manuscrite signée de son neveu Ludwig von Embden""Autograph von H. Heine…"". ""Nur fürcht ich, wann ein Gewitter entsteht, Zieht leicht so eine Spitze Hera baud Euer romantisches Haupt Des Himmels modernste Blitze. Auch wenn es Krieg giebt, must Ihr Euch, Viel leichteres Kopzeug kaufen Des Mitterlalters schwerer Helm Könnt Euch geniren im Laufen."" [Je crains seulement que, durant l'orage, Une pointe pareille n'attire plus facilement, Du ciel, le plus moderne des éclairs, Sur votre chef, romantique et charmant. Et s'il arrive que la guerre éclate, Procurez-vous des casques moins lourds, Car vos casques moyen-âgeux Sont très gênants, pour ceux qui courent.] Pour mémoire, la deuxième strophe sera supprimée par Heine sur les conseils de son éditeur. Le poème satirique ""Deutschland, ein Wintermächen"" (Allemagne, un conte d'hiver) fut composé par Heinrich Heine (1797-1856), émigré en France depuis 1831, à l'occasion d'un voyage vers Hambourg durant l'hiver 1843. Le sous-titre fait référence à la pièce The Winter's Tale (1623) de Shakespeare, dont Heine s'était déjà inspiré pour le sous-titre de son cycle Atta Troll (Le Songe d'une nuit d'été). Habitué à la censure de son pays d'origine, Heine vit, sans surprise au vu du contenu de ce poème, le texte interdit en Allemagne dès sa parution. Le roi Friedrich Wilhelm IV de Prusse émit même un mandat d'arrêt contre Heine le 12 décembre 1844. Dans les années qui suivirent, l'œuvre fut à plusieurs reprises interdite par les autorités de censure. Alors qu'elle était disponible dans d'autres parties de l'Allemagne sous la forme d'une édition séparée, également publiée par Hoffmann et Campe, Heine n'eut d'autre choix que de l'abréger et la réécrire. A travers ce récit de voyage, Heine livre ses réflexions et sa vision sociale libérale opposée au militarisme et au chauvinisme réactionnaire de sa patrie d'origine, notamment envers la France, dont il admire la révolution la considérant comme l'aube d'une Europe plus sociale. Il ne se considère pas pour autant comme un ennemi de l'Allemagne, mais comme un patriote livrant critique par amour pour son pays.