WILLETTE (Adolphe). L.A.S. ""A. Willette"", Boisroger par Saint Malô de la Lande (Manche), 23 août 1919, écrite au dos d’une affiche imprimée avec dessin de Willette, intitulée ""Au Profit de l’Hôpital Auxiliaire de Saint-Ay (Loiret) – Au Louvre : Apollon – 'Tu es plus beau que moi… c’est l’avis de la Victoire de Samothrace !', 2 pp. in-4 (18.5x27.5cm plié). Fragment d’enveloppe joint indiquant que cette correspondance a été adressée à M. Joseph Estoup, rédacteur au cabinet du Préfet de la Seine. Longue, intéressante et amusante lettre sur l'art de commande et la vision (sévère !) de Willette sur l'avant-garde artistique : ""Très honoré Monsieur, c’est au village où je suis en vacances, avec mes enfants (...) que j’ai eu connaissance de votre légitime désir que je m’empresserai de satisfaire ?... de mon mieux, dès notre rentrée à Paris (…). Autrefois je tenais, pour quantité et qualité négligeables, ses dessins qui mettaient et me sont encore demandés généralement à titre gracieux. 'Deux ou trois coups de crayon vous coûtent si peu !'. Quand un jour un vieux camarade soigneux, me reprochant ma négligence, eut la bonne idée de recueillir chez moi et par ailleurs, tous ces petits travaux dont je possède aujourd’hui la collection unique.(…) Je faisais ces dessins (…) à titre gracieux, mais choses peu croyables, le plus fréquemment je n’étais même pas convié aux déjeuners, dîners ou aux soirées et fêtes qu’ils annonçaient. Et le résultat vraiment fâcheux était que mon absence me privait de la possession de mon menu ou du programme qu’on oubliait aussi de m’envoyer. Grace à l’esprit pratique de certains invités et certainement à celui des garçons de restaurant, j’ai pu combler quelques lacunes de ma collection en retrouvant de ces menus et programmes chez les marchands d’estampes. (…) Pendant la guerre (…), j’ai été souvent requis au profit d’œuvres diverses (ainsi que ce papier en fait foi) (…) Je me demandais comment il se fait, pendant cette guerre comme avant, que ce soit toujours nous, les artistes vieux jeu, qui sommes mis à contribution, tandis que ne le sont jamais les artistes de la nouvelle Ecole, tels les futuristes, les cubistes, les illuministes, les extrémistes, les dadaïstes et tous autres fumisses ? Et je crois avoir deviné que leurs œuvres, seulement compréhensible pour le marchand et l’amateur imbécile, ne le seraient plus dès l’instant qu’elle seraient destinées au peuple encore attaché à l’art de traditions française et que c’est, pour cette raison, que ces lascars ont tout le loisir de barbouiller pour Saint Pognon, cependant que nous autres, toujours étudiants, nous travaillons pour l’amour de l’art et celui de notre prochain. J’ai beaucoup veillé, j’ai usé ma vue, mais au contraire de l’éplorée grand-mère de Béranger, je ne regrette pas le temps perdu (…)"" , , . Peintre, illustrateur, affichiste, lithographe et caricaturiste, Adolphe Léon Willette (1857-1926) était en effet un artiste des plus prolifiques et l'un des personnages incontournables du Montmartre de la Belle Epoque, où il participa à la création du Chat Noir.