TOUSTAIN RICHEBOURG (Charles-Gaspard de).# L.A., 16 mai 1773, sl, 6 pp. in-4 (23 x 18cm env), coupe de papier sur la dernière page, à priori sans atteinte au texte.
Longue lettre autographe en prose et en vers, à un officier poète :
""N'en déplaise, Monsieur, à cette modestie qui vous est commune avec tous les courtisans des muses, le cornet de la renommée plus sonore que les douze trompettes de votre régiment, a fait retentir les bords de la Seille et de la Moselle, du bruit de vos exploits poétiques (…)"" Cette curieuse lettre fait des allusions à des essais d’aviation faits au XVIIIe siècle : ""je n’ai ni les ailes du marquis de Baqueville [Jean-François Boyvin de Bonnetot, marquis de Bacqueville, 1688-1760, ""l'homme oiseau""], ni le char volant de l’abbé Desforges [l'Abbé Desforges, chanoine de la Collégiale Sainte-Croix d’Étampes, incarcéré à la Bastille en 1758 après avoir publié un ouvrage prônant le mariage des prêtres et pour avoir réalisé une tentative de vol dans un char volant en 1772], mais ce n’est qu’un espoir que nous autres poètes nous énonçons dans les airs…"" Elle se conclut par cette phrase : ""mais je dirai d’après Molière 'tu l’as voulu George Dandin'"".
Venu se fixer en Bretagne, le Seigneur de Richebourg (1746-1836), connu sous le nom de vicomte de Toustain-Richebourg, est reçu comme membre de la noblesse aux États de Bretagne, où il joue un rôle actif dans la défense des privilèges de la province. Censeur royal de la Librairie de 1783 à 1790, chevalier de Saint-Louis en 1789, il se lie à Nicolas Edme Restif de La Bretonne, dont il paraphe Les Veillées du Marais le 15 février 1785 et La Paysanne pervertie en mars, et auquel il confie des sujets pour ses Contemporaines.
Sous la Révolution, il se propose comme otage en faveur de Louis XVI après l'affaire de Varennes , puis adresse au Comité de législation, le 19 octobre 1792, un mémoire tendant à empêcher la mort de Louis XVI. En septembre 1793, il envoie au même comité une protestation contre les « arrestations arbitraires ». Mis en prison après s'être porté caution volontaire de l'emprunt de Vendée, il est libéré en 1794, avant d'être incarcéré de nouveau, pour peu de temps, en 1796 et 1797. Il se retire en 1800 dans sa terre de Saint-Martin-du-Manoir.
Après avoir accueilli avec faveur le coup d'État du 18 brumaire, il accepte sous l'Empire les fonctions de colonel de la 11e légion nationale du département de Seine-Inférieure. Plus tard, il se rallie avec enthousiasme à la Restauration, dont il sollicite en vain la Légion d'honneur, et meurt à Saint-Martin-du-Manoir en septembre 1836.