BOUGAINVILLE (Hyacinthe-Yves-Philippe-Potentien, baron de). Journal de la navigation autour du globe de la frégate La Thétis et de la corvette L'Espérance pendant les années 1824, 1825 et 1826. Publié par ordre du Roi sous les auspices du département de la Marine. ATLAS. Paris, Arthus Bertrand, 1837. Grand in-folio demi-veau violine à coins, dos lisse orné de filets dorés et à froid et guirlande dorée aux coiffes, titre doré (reliure de l'époque). Complet de la page de titre et des 56 planches et cartes doubles, dont 12 d'histoire naturelle finement coloriées et une planche double (bateaux) également coloriée, (1) f. (table des planches). Coins usés, qqs petits frottés ou épidermures, rares légères rousseurs. Bel exemplaire. Hyacinthe de Bougainville (1781-1846), fils du premier circumnavigateur français Louis Antoine de Bougainville (1729-1811) participe dès l'âge de 18 ans au voyage de découvertes des terres australes de Nicolas Baudin en 1800. Après une belle carrière maritime sous l'Empire et la Restauration, il se voit confier le commandement de la frégate la Thétis (construite spécialement pour un tour du monde) et de la corvette L'Espérance. L'expédition de Bougainville autour du monde entre mars 1824 et juin 1826 a une visée essentiellement politique et diplomatique : ""montrer le pavillon du roi dans les mers où notre commerce cherche à s’ouvrir des débouchés"" et développer dans ces régions ""des sentiments d’estime et d’amitié pour la France"" (selon les instructions du ministre Clermont-Tonnerre). Partie de Brest le 2 mars 1824, la Thétis effectue une brève escale à Ténériffe, franchit l'équateur, double le cap de Bonne-Espérance avant d'arriver à l’île Bourbon où elle retrouve la corvette l’Espérance venue de Rio de Janeiroa. Les deux navires mettent le cap sur Pondichéry avant de gagner le détroit de Malacca. Bougainville se dirige ensuite vers Singapour dont il donne la première description française. Après une longue escale à Manille pour réparer l’Espérance, la Thétis appareille seule pour Macao avant d'atteindre Tourane où Bougainville doit tenter, en vain, de renouer avec l’empereur d’Annam. Rejointe par l’ Espérance réparée, la Thétis reprend la route du sud passant au large de la Malaisie, sur la côte nord de Java, avant les grandes îles de la Sonde où Bongainville est somptueusement reçu par le sultan de l’île de Madura. L'expédition rejoint ensuite les côtes occidentales de l’Australie, bien connues de Bougainville, pour contourner le continent par l’ouest et le sud, en passant au large de la Tasmanie, et arriver enfin à Sydney pour un séjour de 3 mois. Les deux navires quittent Sydney le 21 septembre 1825 pour traverser le Pacifique sud d’une seule traite et arriver le 23 novembre à Valparaiso. Après avoir franchi le Cap Horn le 2 février, Bougainville gagne les îles Malouines, toujours inhabitées, où ne subsistent que quelques ruines de l’établissement créé en 1764 par son père. Le 21 mars, c’est l’arrivée à Rio de Janeiro pour un séjour de trois semaines, avant le retour vers la France et l'arrivée à Brest le 23 juin 1826. A son retour, Bougainville n'obtint pas véritablement de récompense à la hauteur des travaux et découvertes effectués pendant ce tour du monde et en particulier lors du long séjour en Australie où les observations ornithologiques aboutirent entre autres aux splendides représentations des callocéphales (perroquets). La considérable collection de spécimens d'histoire naturelle et d'ornithologie ramenée par l'expédition sera reconnue comme l'une des plus importantes qu'on n'ait jamais vue en France. Atlas seul, sans le texte, de la rare édition originale de cet extraordinaire voyage. (Sabin, 6875).