Informations sur la vente
Né en 1921 à Pékin, Zao Wou Ki, grandit
dans une famille d’intellectuels.
Il s’initie tôt à la calligraphie avec son grand
père, puis rentre à l’Ecole des Beaux Arts de
Hangzhou en 1935. Il y reçoit un enseignement
traditionnel mais se révèle très vite attiré
par la peinture occidentale. Il découvre dans
les années 1940 grâce à des cartes postales
rapportées par son oncle de Paris et à des
journaux, les grands maîtres occidentaux :
Matisse, Cézanne, Klee, Picasso, etc.
Zao Wou Ki quitte alors la Chine et s’installe
à Paris en 1948. Il se liera d’amitié avec les
représentants de la Nouvelle École de Paris:
Riopelle, Soulages, Hartung et devient
également un ami proche d’Henri Michaux.
Zao Wou Ki est considéré comme l’un des
plus grands représentants de l’abstraction
lyrique. Ce tournant vers l’abstraction,
effectué au début des années 1950, le mène
à des compositions complexes, composées
de formes organiques, poétiques, comme
l’expression d’un labyrinthe mental méditatif.
Cette ici proposée aux enchères est
particulièrement représentative de l’état
d’esprit de l’artiste dans cette seconde moitié
des années 1960.
A cette période son épouse May, d’une
santé psychologique précaire, est sujette a
des périodes de dépression répétées. C’est
dans ce contexte angoissant et sombre
que Zao Wou Ki explore à nouveau le travail
sur papier, support de la calligraphie, sa
formation initiale, et qui est considérée dans la
philosophie chinoise comme le reflet de l’âme.
Dans cette aquarelle, la composition irradie
à partir d’une tension située au centre. La
construction enchevêtrée du milieu, à la
manière d’une calligraphie, semble se diffuser à
l’ensemble du papier dans un geste plus libéré.
La quasi absence de couleurs, l’emploi
d’un camaïeu allant du noir au brun foncé,
renforce le sentiment de profondeur et de
noirceur et donne à voir le travail de l’artiste
comme une démarche introspective, un
procédé d’expression qui lui permet de se
trouver en paix avec sa vie intérieure.
Les oeuvres de l’artiste, et en particulier
celles qui sont réalisées sur papier, sont de
véritables ponts entre la tradition chinoise
de calligraphie, et l’abstraction occidentale,
entre la recherche intérieure et l’expression
d’un certain lyrisme.
C’est également parce qu’il a été pour l’art
pictural ce grand Passeur, une fusion entre la
Chine et l’Occident, comme François Cheng
l’a été pour la littérature, que Zao Wou Ki
est considéré comme un des plus grands
artistes de la seconde moitié du XXe siècle,
élu à l’Académie des Beaux Arts, décoré de la
Légion d’Honneur et collectionné par tous les
plus grands musées internationaux.