Pierre Soulages (né en 1919 à Rodez, Aveyron) est un peintre français qui est internationalement connu pour ses œuvres abstraites faisant la part belle au noir et à la lumière.
Dans sa jeunesse, Pierre Soulages est fasciné par la préhistoire (l’art pariétal de la grotte de Lascaux, les menhirs gravés du Musée Fenaille…), l’art roman (l’abbatiale Sainte-Foy de Conques) et les lavis de Rembrandt. À 18 ans, il intègre l’atelier parisien du dessinateur et lithographe René Jaudon (situé au 25 passage d'Enfer dans le 14e arrondissement) puis, l’année suivante, l’école des Beaux-arts de Paris. Peu enthousiasmé par l’enseignement dispensé, il n’y reste pas longtemps mais, il profite de sa présence à Paris pour découvrir les collections des principaux musées.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Soulages s’installe à Courbevoie. Il rompt avec la figuration et se consacre pleinement à l’art abstrait - qu’il a récemment découvert - grâce à Sonia Delaunay.
Ses peintures - des signes réalisés au brou de noix avec de larges brosses sur des feuilles de papier blanc ou au goudron sur des plaques de verre - rencontrent rapidement un franc succès lors de différents événements parisiens : le Salon des Surindépendants (1947), le Salon des Réalités nouvelles (1948), le Salon de mai (à partir de 1949) …
En 1949, le musée de Grenoble est la première institution française à acheter l’une de ses œuvres. La même année, il obtient sa première exposition personnelle, à la galerie Lydia Conti (1 rue d’Argenson - Paris 8) et il a l’opportunité d’exposer dans une galerie new yorkaise en compagnie du peintre Hans Hartung.
Dans les années 50, le peintre présente ses œuvres lors de différentes expositions collectives à New York, Londres, São Paulo … Et, plusieurs d’entre elles intègrent les plus prestigieuses collections mondiales : le musée Guggenheim, la Tate Gallery de Londres, le musée national d'Art moderne de Paris, le musée d'Art moderne de Rio de Janeiro…
En 1954, Samuel Melvin Kootz, qui représente les principaux artistes de l’Avant-garde (dont Pablo Picasso) aux Etats-Unis, lui consacre une exposition personnelle dans sa galerie à New York. Trois ans plus tard, Pierre Soulages découvre les USA et rencontre, à cette occasion, de nombreux maîtres de l’art abstrait dont Willem de Kooning, Robert Motherwell et Mark Rothko.
À la fin des années 60, les couleurs disparaissent totalement de sa palette. Seuls le noir et le blanc restent visibles sur ses toiles. L’artiste se plaît à explorer des jeux de transparence en raclant la matière.
De 1972 à 1974, Pierre Soulages se consacre à l'art imprimé : la lithographie, la sérigraphie et l'eau-forte. L’une de ses lithographies intègre un ensemble de 29 estampes créées par différents artistes pour les Jeux olympiques de Munich de 1972.
En 1979, il peint sa première toile entièrement noire. Ses œuvres - généralement des polyptyques monumentaux - sont alors recouvertes d’une couche de peinture monopigmentaire (qu’il nomme “outrenoir”) dans laquelle il trace des sillons pour obtenir des jeux de lumière.
De 1987 à 1994, Pierre Soulages exécute les 104 vitraux de l'église Sainte-Foy de Conques située près de Rodez. Avec l’intention de moduler et révéler la lumière, l’artiste opte pour des verres blancs et privilégie les lignes obliques.
À partir de 2004, Pierre Soulages remplace la peinture à l’huile par des résines acryliques pour obtenir de nouveaux effets de lumière.
Dans les années 2000, l’artiste réalise d’importantes donations : en 2005, 500 œuvres (dont les travaux préparatoires aux vitraux de Conques) sont confiées à la Communauté d’agglomération du Grand Rodez puis, en 2007, la ville de Montpellier reçoit à son tour un ensemble de pièces.
En 2010, le Centre Pompidou lui consacre une seconde rétrospective (31 ans après la première). Et une nouvelle fois, le succès est au rendez-vous : l’exposition accueille plus de 500 000 visiteurs en six mois.
En 2014, le musée Soulages (imaginé par les architectes catalans RCR, Prix Pritzker 2017) est inauguré à Rodez. L’exposition inaugurale - Outrenoir en Europe. Musées et fondations - réunit des œuvres de l’artiste dispersées dans des collections de musées et de fondations allemands, belges, espagnols, français et suisses.
À l’occasion de son centième anniversaire, le musée du Louvre lui consacre une exposition personnelle dans le Salon carré. Un hommage exceptionnel dont seuls Marc Chagall et Pablo Picasso avaient pu bénéficier précédemment.
En 2020, l’une de ses œuvres est vendue aux enchères, à New York, 20,2 millions de dollars. Record battu pour un artiste français !
En février 2022, le magazine américain Architectural Digest le classe à la 9ᵉ place de son Top 10 des peintres vivants les plus appréciés, aux côtés de David Hockney, Jasper Johns, Peter Doig, Ed Ruscha, Banksy…