L'œuvre en exergue dans ce catalogue, que Millon a le plaisir de vous présenter, a été créée au cours des premières années du séjour de l'artiste en Arabie Saoudite, s'étalant de 1981 à 1988. Elle puise son inspiration dans les vastes déserts d'Arabie et représente une collection d'œuvres rares produites par l'artiste au cours de cette période spécifique. Aref El Rayess, né à Aley, au Liban, en 1928, a entamé son parcours artistique à l'âge tendre de onze ans. Ses talents créatifs ont commencé à se manifester, et en 1948, sa première exposition a eu lieu à Beyrouth, avec le généreux soutien de personnalités telles que la journaliste Arlette Levy, l'artiste Georges Cyr, le critique d'art Victor Hakim et Henry Seyrig, directeur de l'Institut français d'archéologie. De 1948 à 1957, il a mené une vie artistique nomade, voyageant entre le Sénégal et Paris. Au cours de cette période, il a perfectionné ses compétences à l'Académie des beaux-arts et dans divers ateliers libres, enrichissant ses connaissances auprès de figures éminentes telles que Fernand Leger, André Lhôte et La Grande Chaumière. En 1957, il est retourné au Liban, établissant son propre atelier et un autre dédié aux tapisseries d'Aubusson en collaboration avec l'artiste canadien Roger Caron. À la suite d'une exposition au Centre culturel italien en 1959, il a reçu une bourse pour étudier en Italie. Au cours des quatre années suivantes, il a partagé son temps entre Florence et Rome, enrichissant davantage son répertoire artistique. En 1963, le gouvernement libanais l’a chargé de créer deux sculptures représentant le Liban à la Foire mondiale de New York. Cette entreprise l'a amené à passer deux ans aux États-Unis, où il a dialogué avec des peintres expressionnistes et des intellectuels, élargissant ainsi son horizon artistique. Il possédait une curiosité intellectuelle unique, motivée par un profond sentiment d'implication personnelle dans le monde. Son approche était moins liée à la naïveté qu'à sa connexion avec l'univers, une manifestation de son mysticisme et un engagement à incarner la réalité absolue des idées. Ce profond sentiment d'implication s'étendait à sa vénération pour les idées des autres, car il reconnaissait leur valeur intrinsèque. Il s'agissait moins d'une curiosité déplacée que d'une interaction naturelle et civilisée avec les autres. Pour lui, chaque question concernant le monde était, par nécessité, également la sienne, enracinée dans un impératif religieux et moral. Sa religion tournait autour de l'unification de la vision humaine et de l'univers. Il offre un exemple frappant d'un esprit flexible, où le mysticisme repose sur l'expérience d'une vision. À son époque, peu comprenaient que sa quête était simplement de capturer cette vision à travers son art. English The artwork featured in this catalogue, which Millon takes great pleasure in presenting, was created during the early years of the artist's residence in Saudi Arabia, spanning from 1981 to 1988. It draws its inspiration from the vast deserts of Saudi Arabia and represents a collection of rare works produced by the artist during this specific period. Aref El Rayess, born in Aley, Lebanon, in 1928, embarked on his artistic journey at the tender age of eleven. His creative talents began to shine, and in 1948, his first exhibition took place in Beirut with the generous support of individuals such as journalist Arlette Levy, artist Georges Cyr, art critic Victor Hakim, and Henry Seyrig, Head of the French Institute of Archaeology. From 1948 to 1957, El Rayess led a nomadic artistic life, traveling between Senegal and Paris. During this period, he honed his skills at the Academy of Fine Arts and various free studios, learning from prominent figures such as Fernand Leger, Andre Lhôte, and La Grande Chaumière. In 1957, he returned to Lebanon, establishing his own studio and an atelier dedicated to Aubusson tapestries in collaboration with Canadian artist Roger Caron. Following an exhibition at the Italian Cultural Centre in 1959, he was awarded a scholarship to study in Italy. Over the next four years, he split his time between Florence and Rome, further enriching his artistic repertoire. In 1963, the Lebanese government commissioned El Rayess to create two sculptures representing Lebanon at the New York World Fair. This endeavor led him to spend two years in the United States, where he engaged with Expressionist painters and intellectuals, broadening his artistic horizons. Aref El Rayess possessed a unique intellectual curiosity, driven by a deep sense of personal involvement with the world. His approach was less about naiveté and more about his connection to the universe, a manifestation of his mysticism, and a commitment to embodying the absolute reality of ideas. This profound sense of involvement extended to his reverence for the ideas of others, as he recognized their intrinsic value. It was less a misplaced curiosity and more a natural and civilized interaction with others. For Rayess, every question concerning the world was, by necessity, also his own, rooted in a religious and moral imperative. His religion revolved around the unification of human vision and the universe. Rayess provides a striking example of a flexible mind, where mysticism is built upon the experience of a vision. During his time, few understood that his quest was simply to capture this vision through his art.