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Retour aux créateurs

Rembrandt BUGATTI- 16 octobre 1884-8 janvier 1916

Rembrandt Bugatti - Lion couché dévorant, circa1908.

"C'est comme si j'étais dans un désert entre des sauvages, ma consolation c'est le jardin zoologique où je passe toute ma journée."[1]

 

Fils de l’ébéniste Carlo Bugatti, Rembrandt naît à Milan le 16 octobre 1884, trois ans après son grand frère, Ettore. Dans la pure tradition artisanale, il apprend dès l’âge de 12 ans le travail du bois, du métal, du dessin et du moulage dans l’atelier familial. La genèse du processus créatif de Bugatti réside sans doute dans ces années à "s’amuser avec la matière ductile que l’atelier paternel mettait sous sa main, et s’apercevoir avec surprise que cette matière prenait corps et vie par la vision intuitive naturelle"[2]. Manifestant un impérieux désir créatif, le jeune artiste réalise sa première sculpture de plâtre alors qu’il n’est âgé que de 14 ans : "Ritorno dal pascolo". Présentant des vaches marchant en file indienne derrière leur pâtre, ce groupe fait déjà état de la manière qui sera celle de Bugatti : un modelage vigoureux, une approche à la fois analytique et synthétique et des poses dynamiques et atypiques. Sur les conseils du sculpteur et ami de la famille Troubetskoï, Rembrandt Bugatti entre à l’Académie Brera de Milan où il acquiert vite une réputation d’artiste surdoué. En 1903, il expose publiquement pour la première fois à la Biennale d’Art de Venise.  Suivront Turin puis Milan avant que la famille (à l’exception d’Ettore qui restera à Milan) ne quitte l’Italie en 1904 pour s’installer à Paris, dans le XIIIe arrondissement.

Désormais parisien, le jeune artiste n’a que 19 ans mais sa réputation l’a précédé et il intègre aisément la Société nationale des Beaux-Arts de Paris. Il commence également à fréquenter le Marché aux chevaux et la Ménagerie du Jardin des Plantes, où il contemple pour la première fois des animaux sauvages. Opiniâtre et passionné par les animaux qu’il chérit, Rembrandt Bugatti passe des heures, des journées avec eux pour mieux les comprendre et les connaître. Ce n’est que lorsqu’il estime être suffisamment intime avec son sujet qu’il le modèle à la main dans la plastiline, sans instruments ni esquisses préparatoires, en un acte rapide et d’une grande spontanéité. C’est pour cela que les animaux de Bugatti ne "posent" pas. Ils sont une présence saisissante, la traduction dans le domaine des formes de ce qui a touché l’artiste dans un mouvements ou une attitude, l’image hiératique d’une nature sauvage et jamais tout à fait domestiquée.

Le talent exceptionnel de Bugatti est remarqué par Adrien-Aurélien Hébrard, éditeur et marchand d’art avec qui il débute une longue collaboration. Le succès sera immédiat et la critique unanime quant aux sculptures de Bugatti dès sa première exposition à la Galerie Hébrard, en juin-juillet 1904. Son éditeur inaugure à cette occasion une stratégie commerciale novatrice, ne produisant les modèles de l’artiste qu’en édition originale limitée (ou unique). Cette stratégie d’édition participa grandement du succès de Bugatti, autant que la remarquable précisions des fontes à cire perdue d’Hebrard, "souples et frémissants de vie"[3] sous leurs patines exécutées sans couleurs ni vernis, par la seule oxydation naturelle du métal aux acides et à la flamme pour des bronzes.

De 1904 à 1911, les œuvres nouvelles de Bugatti seront exposées chaque année[4] à la galerie de son éditeur, qui le présentera également dans tous les Salons officiels français et étrangers de l’époque.

En 1906, Bugatti remporte le Grand Prix de sculpture à l’Exposition de Milan pour son groupe "Dix minutes de repos".

L’année suivante, il est invité à par la Société Royale de Zoologie d’Anvers qui lui ouvre les portes de ce qui est alors le plus grand parc zoologique d’Europe. Rembrandt Bugatti y bénéficiera d’un atelier de moulage et sera libre de circuler à sa guise dans le parc pour y travailler en toute liberté. 

Bugatti restera en Belgique sept années, créant sans relâche et revenant épisodiquement à Paris jusqu’à ce qu’éclate la Guerre en 1914. Alors qu’il parvenait à peine à trouver un équilibre entre ses obsessions créatrices et son quotidien, Anvers est assiégée au mois d’octobre par les Allemands et tout s’effondre avec violence autour de Bugatti. Les félins du parc zoologique, ces animaux qu’il aime et côtoie depuis des années, sont tous abattus faute de pouvoir être nourris. Accablé par ce que la guerre a fait de son quotidien, l’artiste rejoint Milan en décembre 1914 puis Paris en décembre 1915 pour être auprès de ses parents et de son frère, lui-même réfugié à Paris. Sa santé est alors fragile et il peine à sculpter tandis que le Jardin des Plantes est fermé, ainsi que la fonderie Hébrard. Privé de l’exutoire que constituait pour lui la sculpture de ses animaux chéris, Rembrandt Bugatti s’étiole et vit dans le dénuement. Les témoignages concordent en effet pour dire que l’artiste connût toute sa vie des difficultés financières presque ininterrompues. Bugatti en effet ne renégociera jamais les termes de son contrat de 1905 avec Hébrard, lesquels ne prévoient ni n’avances ni participations aux achats du matériel nécessaire à son art. L’artiste est par ailleurs d’une grande coquetterie et dépense beaucoup pour se vêtir, tout en étant très généreux envers ses amis, à qui il offre régulièrement des fontes de ses modèles qu’il paye lui-même à Hébrard.

Trouvant de moins en moins de joies dans son quotidien et refusant d’être un poids pour ses proches, l’artiste se suicide le 8 janvier 1916, à l'âge de 32 ans, fermant définitivement ses "yeux profonds de solitaire accoutumé à la méditation"[5]. Lui qui n’aura eu de cesse de déclarer son amour des animaux dans un monde de plus en plus mécanisé et industriel laisse derrière lui un bestiaire prodigieux de tendresse et d’originalité. Sa dernière œuvre, représentant un "Tigre ou tigresse écrasant un serpent", sera signée par son frère Ettore Bugatti après la phrase "Dernière œuvre de mon frère. Paris, 8 janvier 1916". 

Goutant peu aux mondanités de la Belle Epoque, considéré en Italie comme un artiste français et en France comme un étranger, Rembrandt Bugatti vécu dans un isolement à la fois volontaire et subi. Timide et solitaire, s’abîmant dans le travail par tout temps, au mépris de sa santé et des plus élémentaires contingences du quotidien, il est une forme d’incarnation de l’artiste maudit, dont les courts instants d’exaltation cèdaient rapidement à son obsession créatrice. Rembrandt Bugatti l’a lui-même écrit[6] comme une triste épitaphe : "je suis seul, il est vrai que c'est ma propre faute, jamais je n’aurais dû être animalier".

 


[1] lettre non datée de Rembrant Bugatti à son frère Ettore, citée in Véronique Fromanger : Rembrandt Bugatti sculpteur, Les Editions de l'Amateur, Paris, 2016, page 173.

[2] Vittorio Rossi Sacchetti in Rembrandt Bugatti – Carlo Bugatti et son Art, Paris, Editions A.A.Hebrard, 1907.

[3] formule de Louis Vauxcelles dans son article sur la fonte à cire perdue in Art et Décoration, Tome XVIII, 1905, page 191.

[4] sauf en 1914 où Hébrard s’associe à la Galerie Goupil de New York pour exposer Bugatti outre-atlantique

[5] formule d’André Salmon dans son article sur l'artiste in Art et Décoration, tome XXXIV, 1913, page 21.

[6] in Rembrandt Bugatti sculpteur, op.cit., page 200.

 

 

Oeuvres de Rembrant Bugatti

La Maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Rembrant Bugatti. Florian Douceron, clerc spécialiste du département Bestiaire, vous décrypte deux œuvres phares de l'artiste :

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Rembrandt Bugatti : "Lion couché dévorant", circa 1908

Rembrandt Bugatti : "Lion couché dévorant", circa 1908

 

"L’une des merveilles de la création parmi les animaux, c’est le Lion. Ce fauve a reçu en partage la force et la beauté. Rien de plus majestueux que sa démarche, rien de plus absolument beau que sa forme, rien de plus terrible que son rugissement" [1].

 

Fascinant zoologues et artistes le lion est, plus qu’aucun autre animal, l’objet privilégié de l’iconographie et des croyances. La vue du lion en songe était un présage heureux chez les anciens, annonçant par exemple à Philippe II et Olympias[2] la naissance d’un fils au destin légendaire : Alexandre le Grand. De même, c’est sous le signe astrologique du Lion que le soleil est au plus fort, et que les Florentins coiffaient la sculpture léonine de la Piazza della Signoria d’une couronne d’or pour célébrer la Saint-Jean et le jour le plus long de l’année. Enfin, nombres de héros légendaires et de rois avaient l’usage du Lion pour signe distinctif : Héraclès, Hector, Achille, Wolfdieterich ou le Roi Richard Ier d’Angleterre dit « Cœur de Lion ».

Cet attrait séculaire pour le grand félin n’aura pas épargné Rembrandt Bugatti.

Lui qui s’abîmait des heures dans la contemplation des animaux qui deviendraient ses sculptures écrivait ainsi depuis la Belgique à son frère Ettore resté en Italie : "C'est comme si j'étais dans un désert entre des sauvages, ma consolation c'est le jardin zoologique où je passe toute ma journée". L’animal chez le jeune artiste est fascination, exutoire à une réelle solitude où sourdent des angoisses qu’une seule pensée fait taire : "J’espère et je crois réussir à faire une œuvre qu'aucun sculpteur animalier ancien ou moderne n'a fait". Tout dans ce "Lion couché dévorant" lui donne raison, et témoigne de sa familiarité acquise avec le fauve qui lui a servi de modèle. Ainsi de l’attitude de l’animal, à la fois obnubilé par sa pitance et surveillant par en dessous toute menace, la prise violente des pattes sur la chaire, la croupe ramassée sur les membres postérieurs que seule la queue, que l’on devine battant l’air, anime d’un mouvement.

C’est un véritable portrait qui nous est donné à voir ici, celui de CE LION particulier : le lion de l’Atlas du zoo d’Anvers. L’animal est presque un intime de l’artiste, qui le représente dès son plus jeune âge dans son Lionceau et lévrier assis l’un contre l’autre de 1905 et qu’il retrouve adulte pour son Lion de l’Atlas et ce Lion couché dévorant, tous deux réalisés en 1908.

Fidèle à sa manière, Rembrandt Bugatti s'est familiarisé avec son sujet pour en synthétiser l’énergie et l’essence formelle, avant de le modeler à la main, sans esquisse préparatoire, en un acte rapide et d’une grande spontanéité. Cette sculpture de "l’instant à multiples dimensions"[3] confère à ce lion sa beauté, où la violence du sujet le dispute à une profonde sensualité formelle. Du mufle hargneux à la puissante patte droite et de la crinière à la croupe du félin, on peut presque lire les mouvements de l’artiste arrachant à la matière les attributs puissants du "Roi des animaux". Le travail du fondeur et la patine sont ici déterminants car le paradoxe est superbe : il faut restituer au bronze l’allure de la terre. Fruit de la collaboration entre le fondeur milanais Albino Palazzolo et Adrien-Aurélien Hébrard, la fonte est ici d’une absolue fidélité aux intentions de Bugatti, à qui elle confère une assise puissante pour des bronzes que le critique d’art Louis Vauxcelles qualifiera de "souples et frémissants de vie" [5].


[1] Henri Demesse in « Les Animaux chez eux », L. Baschet, Paris, 1882.

[2] selon Plutarque dans ses « Vies parallèles des hommes illustres » en son chapitre 2-2-3 dédié à Alexandre.

[3] suivant la formule de madame Véronique Fromanger dans son : "Rembrandt Bugatti sculpteur", Les Editions de l'Amateur, Paris, 2016, page 33.

[4] in « Rembrandt Bugatti – Carlo Bugatti et son Art », Paris, Editions A.A.Hebrard, 1907.

[5] in « Art et Décoration », 1905.

 

Rembrandt Bugatti : "Jabiru femelle", circa 1912
Rembrandt Bugatti : "Jabiru femelle", circa 1912

 

"Sculpter c'est arrêter l'énergie pour la contempler, capter la vitalité pour la dompter et s'en nourrir" [1]

 

Symboles séculaires de la liberté, de l’âme et de l’ordre spirituel dont ils seraient les messagers, les oiseaux participent des sujets privilégiés des artistes. S’il aimait les animaux pour eux-mêmes et non pour leurs symbolisme, Rembrandt Bugatti sculptera lui aussi des oiseaux au sein de son formidable bestiaire, et notamment un Jabiru femelle, en 1912.

Aussi spleenétique qu’il fût génial, Bugatti passait le plus clair de son temps au Zoo d’Anvers, écrivant à ce sujet à son frère Ettore resté en Italie : « pense plus à moi, je suis seul, il est vrai que c'est ma propre faute, jamais je n’aurais dû être animalier ». Son Jabiru femelle est celui de la Grande Volière du Zoo d’Anvers, qu’il aura observés jusqu’à la familiarité et dont il sculpte ici un quasi portrait.

Loin de l’albatros Baudelairien que sa présence obligée au sol rend "comique et laid" tandis que "ses ailes de géant l’empêchent de marcher", son oiseau a une gravité hiératique et nerveuse qui fait retenir le souffle de crainte de le voir s’envoler.

Toujours issu du même modus operandi d’une sculpture spontanée et rapide, le volatile est d’une sensualité formelle toute naturaliste, son cou souple et gracile répondant à la verticalité des pattes échassières tandis que les ailes au repos semblent déjà frémir de leur envol prochain. Servie par une délicate fonte d’Hébrard et une patine d’une grande finesse, cette sculpture est d’une absolue fidélité aux intentions de Bugatti. 


[1] Michel Onfray in La sculpture de Soi , 1995. 

 

 

Rembrandt Bugatti : "Biche allaitant ses deux faons", circa 1904.

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Rembrandt BUGATTI (Milan 16 octobre 1884 - 8 janvier 1916 Paris)"Biche allaitant ses deux faons", circa 1904Sculpture en bronze à patine brune nuancé.Fonte anthume à cire perdue par A.A.Hebrard.

 

"Ce n’est pas à lui qu’il eut fallu dire que les animaux n’ont pas d’âme : il la découvre, la fait revivre sous ses mains d’artiste. Et c’est en quoi réside probablement le secret de ce créateur, le don qu’il possédait et qui reste vivace dans tout ce qu’il a produit."[1]

 

Créée en 1904, cette sculpture est l’œuvre d’un Rembrandt Bugatti âgé d’à peine 21 ans et nouvellement installé à Paris. Passionné par les animaux depuis toujours, le jeune sculpteur profite de son nouvel environnement pour fréquenter assidûment la Ménagerie du Jardin des Plantes où il visite régulièrement les animaux et parfois même les soigne comme en témoigne des clichés d’époque qui le montrent nourrissant les bêtes ou nettoyant leurs espaces de vie.

Rembrandt Bugatti nourisant un daim au Zoo d’Anvers en 1906

Partageant leur quotidien, Bugatti devient pour eux une présence rassurante, dont ils cessent de s’inquiéter pour se comporter avec lui comme un semblable. Ce faisant, l’artiste atteint une véritable familiarité avec ses amis à poils et à plumes, qu’il peut dès lors représenter "dans leurs attitudes les plus vraies et les moins vues"[2]. Son établi portatif installé auprès de ces animaux qui l’ont accepté, Bugatti les modèle alors à main libre dans la plastiline[3], sans instruments ni esquisses préparatoires, en un acte rapide et d’une grande spontanéité. Il n’étudiera jamais l’anatomie animale, préférant se fier à son œil et son ressenti pour retranscrire la vérité empirique de ses modèles. C’est en ce sens que sa sculpture a pu être qualifiée "d’impressionniste"[4] pour son aspect à la fois synthétique et évocateur.

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Rembrandt BUGATTI (Milan 16 octobre 1884 - 8 janvier 1916 Paris)"Biche allaitant ses deux faons", circa 1904
Sculpture en bronze à patine brune nuancé.Fonte anthume à cire perdue par A.A.Hebrard.

 

En effet, loin des poses pompières ou d’un romantisme éculé, ses animaux sont de vivants portraits, qui semblent toujours pris sur le vif et où triomphe la gravité imperturbable des bêtes. Née de son amour ingénu pour la faune, cette approche permet à l’art de Rembrandt Bugatti d’illustrer l’assertion faite par Auguste Rodin en 1901[5] selon laquelle :

"le seul mouvement intéressant, vivant, utile pour l’artiste est le mouvement que le modèle accomplit, lorsque seule la nature lui impose ses lois."

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Rembrandt BUGATTI (Milan 16 octobre 1884 - 8 janvier 1916 Paris)"Biche allaitant ses deux faons", circa 1904Sculpture en bronze à patine brune nuancé.Fonte anthume à cire perdue par A.A.Hebrard.
 

Ceci est particulièrement vraie dans notre "Biche allaitant ses deux faons" car les paisibles cervidés du Jardin des Plantes sont plus que d’autres animaux de nature craintive, cet atavisme naturel étant encore renforcé par l’instinct maternel. Qui peut dire alors combien d’heures, combien de journées à s’apprivoiser mutuellement ont dû s’écouler avant que Bugatti ne soit le témoin privilégié de cet allaitement ? Le résultat en tout cas est éblouissant d’une émotion qu’on devine partagée tant la tendresse de la scène semble émaner du cœur même de Rembrandt Bugatti. Le sculpteur a choisi de représenter la mère avec ses petits sous son flanc. Elle semble à l’affût, sa tête penchée aux guets du moindre bruit suspect, tandis que ses sabots ancrés au sol et ses jarrets tendus anticipent une hypothétique fuite. On est ému par l’intimité de la scène et sa saveur d’instant volé à ces paisibles herbivores que le moindre bruit suffit d’ordinaire à mettre en fuite.

Le travail du fondeur et la patine sont également déterminants dans cette réalisation dont le paradoxe est superbe. Il s’agit en effet de restituer au bronze l’allure de la terre, prouesse dont peu d’éditeurs possèdent la maîtrise et les moyens. Mais parmi eux figure Adrien-Aurélien Hébrard, éditeur exclusif de Bugatti à partir de cette même année 1904, et son fondeur milanais Albino Palazzolo dont les bronzes seront qualifiés par un critique[6] de "souples et frémissants de vie".

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D’une absolue fidélité aux intentions de Bugatti, les fontes à cire perdue d’Hébrard termineront de l’affirmer comme un des plus grands sculpteurs de son temps.  La pression des doigts de l’artiste, la caresse de sa paume et le modelé puissant de ses pouces nous sont parvenus par la grâce de cette compréhension fusionnelle avec son fondeur. Sublimée par une patine profonde qui épouse et souligne les plus subtils reliefs des cervidés, la scène semble nimbée de cette atmosphère poétique que les japonais appellent "komorebi" ("木漏れ日") : la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres.

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Rembrandt BUGATTI (Milan 16 octobre 1884 - 8 janvier 1916 Paris)"Biche allaitant ses deux faons", circa 1904Sculpture en bronze à patine brune nuancé.Fonte anthume à cire perdue par A.A.Hebrard.
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Editée (en l’état des connaissances) en trois exemplaires numérotés réalisés à la cire perdue, cette sculpture "Biche allaitant ses deux faons" est une œuvre rare et précieuse alliant la fougue juvénile de Rembrant Bugatti, la grâce synthétique de sa sculpture et le raffinement de la fonte et de la patine d’Adrien Aurélien Hébrard. C’est également un témoignage, celui de la vision d’un artiste tourmenté par une immense sensibilité et des angoisses qu’une seule pensée faisait taire :

"j’espère et je crois réussir à faire une œuvre qu'aucun sculpteur animalier ancien ou moderne n'a fait"[7].

 


[1] Marcel Schiltz in Rembrandt Bugatti, Anvers, Société royal de Zoologie d’Anvers, 1955.

[2] Louis Vauxcelles dans le numéro de Gil Blas du 17 octobre 1905.

[3] une pâte à modeler additionnée de souffre, très ductile et ne séchant pas.

[4] notamment par Jean-Louis Vaudoyer in Art et Décoration, tome XXIV, juillet-décembre 1908, page 156.

[5] telle que reprise in L’art, entretiens réunis par Paul Gsell, collection Idées-Arts, Paris, Gallimard, 1967.

[6] Louis Vauxcelles dans son article sur la fonte à cire perdue in Art et Décoration, Tome XVIII, 1905, page 191.

[7] Mots de Rembrandt Bugatti dans une lettre en français à son frère Ettore, cités in Véronique Fromanger : Rembrandt Bugatti sculpteur, Les Editions de l'Amateur, Paris, 2016, page 56.

 

Le marché de l’art de Rembrandt Bugatti :

Né à Milan le 16 octobre 1884 et décédé à Paris le 8 janvier 1916, Rembrandt Annibale Bugatti est un sculpteur animalier italien renommé.

L’estimation d’une œuvre de Rembrandt Bugatti dépend de nombreux critères tels que l’état de conservation, la période de vie de l’artiste à laquelle elle se rapporte, la provenance et la taille de l'œuvre.

En 2023, le chiffre d'affaires de Rembrandt Bugatti dépasse les 3 millions d’euros et son indice des prix a augmenté de 71%.

Prix approximatifs :

Les sculptures de Rembrandt Bugatti sont généralement estimées entre 10 000 euros et 1 million d’euros. Notre maison de ventes a adjugé plusieurs des œuvres de l’artiste, notamment son bronze “Lion couché dévorant” au prix de 620 000 euros lors d’une vente aux enchères et son bronze "Flamand en marche" vendu pour 74 000 euros dans notre maison de ventes aux enchères.

Records de ventes :

Très recherchées par les collectionneurs, les bronzes animaliers de Bugatti peuvent atteindre des prix importants lors des ventes publiques, dépassant le million d’euros. Le record de vente pour une œuvre de l’artiste est atteint en 2015 avec son bronze Babouin sacré hamadryas, adjugé à plus de 2,6 millions d’euros.

 

 

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Nos résultats de ventes “Rembrandt BUGATTI”

Adjugé à 55 000 €

Vendu le 2013/06/28

Rembrandt BUGATTI (Milan 1884-Paris 1916)

Petit chat à l'écuelle
Lot 118

Adjugé à 17 000 €

Vendu le 2012/04/20

Rembrandt BUGATTI (Milan 1884-Paris 1916)

Bouledogue Français
Lot 39

Adjugé à 2 200 €

Vendu le 2024/03/16

Rembrandt BUGATTI, d'après,

"Eléphant dressé"
Lot 116

Adjugé à 165 000 €

Vendu le 2024/03/16

Rembrandt BUGATTI (Milan 16 octobre 1884 - 8 janvier 1916 Paris)

"Biche allaitant ses deux faons"
Lot 115

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Lot 5

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Vendu le 2020/12/02

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Léopold GOTTLIEB (Drohobycz 1883 - Paris 1934)

Portrait présumé du peintre Mieczyslaw Jakimowicz
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Carlo BUGATTI (1856-1940)

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