Alexandre ROUBTZOFF (Saint Petersbourg 1884 - Tunis 1949)

Le peintre russe Alexandre Roubtzoff a développé une profonde affection pour la Tunisie et ses habitants, allant jusqu'à s'y installer, apprendre la langue et consacrer la majeure partie de son œuvre artistique à ce pays. Né à Saint-Pétersbourg, Roubtzoff a entamé sa formation artistique dès l'âge de neuf ans aux Beaux-Arts de sa ville natale. L'influence de sa tante, Jekaterina Wachter, du peintre polonais impressionniste Zionglinski, ainsi que du peintre moderniste Kardovsky, a durablement marqué son parcours. À partir de 1899, Alexandre a parcouru la Crimée, où il a eu son premier contact avec l'Orient. Dès 1900, il a reçu des commandes de représentations des intérieurs des palais de la grande aristocratie russe. Il a réalisé des œuvres sur commande pour la Grande Duchesse Maria Pavlovna et le Prince Paul Galitzine, et a obtenu avec ces travaux le Grand Prix de l'Académie de Saint-Pétersbourg, ce qui lui a valu une bourse de voyage d'études de quatre ans. À l'âge de 30 ans, il a quitté sa Russie natale pour ne jamais y retourner. Après avoir séjourné en Espagne et au Maroc, il est arrivé à Tunis le 1er avril 1914 et a été immédiatement séduit par la ville. Dans son journal, il a écrit : "Si je tiens à vivre toujours ici, c'est qu'ailleurs, j'aurais la nostalgie de la lumière". Armé d'un chevalet et d'une boîte à peinture, il s'est aventuré à la découverte de la Tunisie, expérimentant la peinture en plein air, si différente de son expérience en Russie. Selon Patrick Dubreucq, auteur de la monographie sur Roubtzoff, intitulée "Roubtzoff, une vie en Tunisie", "ce monde différent stimule son goût pour l'observation du pittoresque. La beauté se trouve dans le quotidien. [...] Sa peinture se distingue par son intérêt pour les costumes des autochtones, qui captivent l'œil du peintre par leurs couleurs vives et leurs broderies originales". Tout au long de ses longues années au service de l'art et de son pays d'adoption, Alexandre Roubtzoff n'a cessé de créer, laissant en héritage un immense témoignage sur la Tunisie de l'entre-deux-guerres. Il est décédé à Tunis le 26 novembre 1949, où il repose désormais.