Vous possédez une faïence de Moustiers et désirez connaître sa valeur en vente aux enchères ?
Nos commissaires-priseurs et experts du département Arts de la table et argenterie - vous donnent quelques pistes pour en savoir davantage sur votre faïence de Moustiers, pour connaître sa valeur sur le marché de l’art.
Dans cet article, découvrez l'histoire et les caractéristiques de la faïence de Moustiers, apprenez à l'estimer et découvrez son prix en ventes aux enchères !
Comment reconnaître une faïence de Moustiers ?
La faïence de Moustiers, fabriquée à Moustiers-Sainte-Marie dans les Alpes-de-Haute-Provence, se caractérise par son émail d'un blanc immaculé, arborant une teinte crémeuse. À l'arrière des plats et des assiettes par exemple, l'on observe une particularité sous la forme d'un bourrelet d'émail au niveau de l'aile, signe distinctif du savoir-faire particulier de l'émailleur.
La faïence de Moustiers se distingue également par ses couleurs typiques, d'une grande harmonie : le bleu de Moustiers, le vert olive, le jaune de Naples, le violet de manganèse, ou encore le rouge de fer. Les décors, tout aussi caractéristiques, permettent aisément de différencier les faïences de Moustiers de leurs homologues : des scènes mythologiques, illustrées par l'aile des plats à griffons et mascarons, des thèmes bibliques dans le goût de Frans Floris, des armoiries, ainsi que des motifs tirés des gravures à la manière de « la Tempesta ».
La faïence arbore également des imitations de porcelaines de Chine, des décors en médaillon, des motifs à lambrequins et grotesques dans le style de Rouen, des reproductions de gravures, et jusqu'aux décors à la Berain qui sont particulièrement en vogue jusqu'en 1730. Les bordures fines, ornées de dentelles, encadrent également certains éléments comme les cariatides, les baldaquins, les figures ornementales, les gaines, etc. Souvent dominées par des nuances de bleu, elles peuvent parfois présenter une polychromie où le rouge fait rarement son apparition. Les peintres éminents qui font l’identité de la faïence de Moustiers sont entre autres François Viry, son fils Gaspard, et son petit-fils Jean-Baptiste, ainsi qu'Hyacinthe Roux.
Comment estimer la valeur d’une faïence de Moustiers ?
Les manufactures
Les objets qui proviennent des manufactures les plus anciennes, notamment celle de Clérissy au XVIe siècle, sont parmi les plus recherchés. Cette famille italienne installée à Moustiers-Sainte-Marie vers 1550, produit une faïence grand feu ornementale en camaïeu bleu. Les objets affichent également l’un des trois décors spécifiques à la manufacture : une scène de chasse d’après le graveur florentin Antonio Tempesta, un décor à la Bérain, du nom du célèbre ornemaniste de Louis XIV, et des armoiries encadrées d’ornements.
Au XVIIIe siècle, Joseph Olérys et Jean-Baptiste Laugier scellent leur association pour établir une nouvelle fabrique de faïence à Moustiers, où ils introduisent la polychromie et les décors grotesques chinois. Les pièces de service produites par la faïencerie Olérys et Laugier sont renommées et figurent parmi les articles les plus prisés lors des enchères. Ces objets se distinguent par leurs ornements comprenant des guirlandes et médaillons, des motifs de fleurs de pomme de terre, et des décors au drapeau.
En 1749, les artisans Joseph Fouque et Joseph-François Pelloquin forment également une association. À la suite de leur séparation, Fouque acquiert la fabrique Clérissy en 1783, devenant ainsi le faïencier le plus sollicité jusqu'à son décès. Il adopte la technique du petit feu, et serait le premier à introduire cette méthode de faïencerie à Moustiers.
L’état de conservation
Certains défauts sur une faïence de Moustiers peuvent être difficiles à repérer visuellement, comme une fêle en ligne fine, qui peut pourtant parcourir la surface de l'objet. Contrairement au cheveu qui est visible à l'œil nu, une fêle peut se confondre avec les décors, mais se reconnaît généralement au toucher. Une fêle sur une faïence de Moustiers perturbe la surface lisse de l'objet.
Bien que certains sauts d'émail puissent être considérés comme des défauts, dans certains cas, elles peuvent être perçues comme des caractéristiques uniques pour les pièces de grandes signatures. L'usure du décor quant à elle peut être perçue de manière différente par les collectionneurs. Dans certains cas, une usure légère peut ajouter du caractère à une pièce ancienne. Une usure excessive peut diminuer la valeur de la faïence. L'évaluation est alors subjective et dépend du contexte de l’objet, de son histoire et des préférences individuelles.
Les belles ventes de faïences de Moustiers
Un exceptionnel grand plat ovale en faïence, caractérisé par un décor inspiré du style de Bérain, est adjugé 62 000 euros. La pièce présente un camaïeu bleu mettant en scène un orchestre féminin au centre d’un bassin, entouré d'une construction synallagmatique de chaque côté. Une frise délicate de ferronnerie, couronnée de bustes féminins et de fleurons, orne l'aile du plat, soulignée par des filets bleus. Datant du début du XVIIe siècle, ce plat rare est une production de la Fabrique de Clérissy.
Un remarquable plat ovale de style mythologique, orné d'un décor en camaïeu bleu inspiré du style de Bérain, est cédé pour la somme de 55 000 euros. Au cœur de ce décor se trouve une alcôve abritant Apollon, la figure rayonnante. Il est adossé à une stèle, sa lyre reposant à ses pieds, et entouré de quatre gaines ornées de personnages antiques. Cette pièce d'exception, issue de la Fabrique de Clérissy également, offre une représentation artistique singulière.
Une assiette en faïence au bord contourné, intitulée « Aux huit médaillons », est adjugée 40 000 euros. Son motif polychrome révèle au centre une scène mythologique mettant en avant Apollon, évoluant dans un paysage enchâssé dans un médaillon, entouré d'une délicate bordure composée de fleurs. L'aile de l'assiette est également ornée de huit médaillons, encadrant les bustes des divinités de l'Olympe, un aigle bicéphale, un paon, ainsi que des portraits d'empereurs. Ces éléments sont alternés avec des guirlandes de fleurs. Au revers de l'assiette, l'on peut discerner la marque « PV ». Cette assiette tire son origine de la manufacture de Fouque et Pelloquin et date du XVIIe siècle.
Faïences de Moustiers adjugées chez MILLON
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Une autre assiette à bord contourné en faïence à décor polychrome est vendue 1 800 euros. Le décor est dessiné dans un médaillon rond au centre du bassin d’une scène mythologique avec deux personnages assis, dont Orphée qui charme les animaux. Sur l'aile se trouve une guirlande en sarabande. Cette assiette du XVIIIe siècle est marquée « d’Olérys » ;
Dans le même contexte d'un décor d'une scène mythologique, mais cette fois-ci représentant « Diane de retour de chasse », une assiette à bord contourné en faïence du XVIIIe siècle d'un diamètre de 25 cm est adjugée 1 500 euros ;
Une saupoudreuse couverte en faïence de forme balustre sur piédouche, le couvercle à jour, ornée en camaïeu bleu de dentelles, thermes et bustes de femmes dans le goût de Bérain, est adjugée 1 300 euros ;
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