Le dessin au XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle connaît une abondance de dessins prenant des formes diverses, des trois crayons d'Antoine Watteau, aux pastels de Quentin de la Tour.  Les grands dessinateurs de l’époque sont sollicités dans de nombreux domaines. Antoine Coypel crée par exemple les cartons pour servir de base pour les tapisseries Gobelins. Les hôtels particuliers font également appel à leur talent pour la décoration de prestigieuses pièces. Jean-Honoré Fragonard est l’un des artistes les plus réclamés dans ce domaine.

Le dessin prend aussi un nouveau statut, présenté pour lui-même dans les portraits au pastel par exemple.

Si l’on reconnaît parfois le style d’un dessin du XVIIIème, il faut également l’étudier plus en profondeur pour être sûr d’être face à un dessin ancien.

Les techniques employées sont révélatrices : fusain, sanguine, lavis, encre, pastel sont bien du XVIIIème siècle. Les pastels à l’huile ne sont par contre pas encore développés. L’étude du papier nous renseigne également. Le papier est artisanal au XVIIIème, souvent fait de chiffon. Il peut être irrégulier, avoir une légère teinte naturelle et comporter un filigrane. La pâte à bois ne se développe quant à elle qu’au XIXème siècle.

Votre dessin vous semble être une œuvre du XVIIIème siècle ? Poursuivons pour découvrir comment l’estimer. 

Estimer un dessin du XVIIIe siècle

• L’auteur

Sur le marché très dynamique des dessins anciens, les œuvres réalisées par les plus grands artistes du XVIIIe siècle sont particulièrement appréciées, cette période étant la plus marquante pour le développement des arts visuels.

Les dessins signés Giovanni Battista Tiepolo, Jean-Honoré Fragonard ou William Hogarth ont beaucoup de succès lors des ventes aux enchères. Leurs dessins sont souvent des études préparatoires, des représentations de style rococo et des œuvres narratives.

D’autres artistes comme Francisco Goya, François Boucher, Jean Siméon Chardin, Nicolas Lancret, Charles-Joseph Natoire, Jean-Baptiste Oudry, Joseph Vernet, Jean-Baptiste Greuze, Charles André Van Loo, Jean-Baptiste Perronneau, Donat Nonnotte, Charles Monnet, Jean Mariette et Anton Raphaël Mengs font aussi partie des artistes les plus recherchés.

Un dessin de Greuze peut obtenir plus de 400 000 euros. C’est le cas de l’étude au pastel réalisée pour la « Mère bien-aimée ». En revanche, une œuvre anonyme, école française, figurant un portrait de Madame Simon est estimé à 400 euros seulement ! Votre dessin du XVIIIème siècle peut donc être estimé dans une très large fourchette allant de 200 euros environ, jusqu’à plusieurs millions d’euros.

• Le sujet

Le sujet est important pour la vente de votre dessin. Un nu antique est souvent plus valorisé qu’un portrait de vieille dame. Une simple esquisse plus qu’une œuvre aboutie. Cependant, cet aspect n’est pas toujours vrai dans l’absolu : cela dépend également du nom de l’artiste et de la qualité de réalisation.

• La provenance

Une œuvre dont l'histoire peut être retracée et prouvée augmente en valeur. Pour remonter aux origines du dessin, des inventaires, des actes d'achat ou des photographies peuvent être nécessaires.

Le cheminement de l’œuvre, incluant ses lieux d’exposition et ses propriétaires successifs, peut aussi exercer une influence sur sa valeur. Un dessin ayant appartenu à un collectionneur renommé vaut aussi plus cher.

• L’état de conservation

Bien qu'il soit impératif de préserver la qualité d'un dessin, car des détériorations peuvent naturellement entraîner une baisse de sa valeur, les imperfections mineures ont des répercussions moins importantes sur son prix. En revanche, certains types de dommages peuvent entraîner une baisse significative de sa valeur, notamment si le dessin est perforé, insolé, trop exposé à la lumière ou si le papier est déchiré.

• Les dimensions

La valeur d'un dessin tend à augmenter avec sa taille, mais ce n'est pas une règle immuable, car le sujet représenté peut avoir un impact plus significatif que la dimension.

Par exemple, si un dessin aborde le thème favori de l'artiste et qu'il est plus petit qu'un autre traitant d'un sujet plus conventionnel, il pourrait potentiellement être évalué à un prix bien supérieur.

Pour estimer correctement votre dessin vous devez donc rechercher le nom de l’artiste ou d’une école, examiner le sujet, la technique employée, l’état de conservation et la provenance. Ces éléments combinés permettent d’obtenir assez aisément une estimation de votre œuvre. 

Les ventes record de dessins du XVIIIe siècle

« études pour trois têtes de jeunes filles portant des chapeaux » porte haut la valeur des œuvres de Jean-Antoine Watteau, à la tête du mouvement rocaille au XVIIIe siècle. Dans cette œuvre à l'aquarelle adjugée près de 2 860 000 euros lors d'une vente aux enchères à New York en 2022, le peintre français utilise la pierre noire, la sanguine et le graphite sur un papier de 14 x 24,7 cm.

« L'île d'amour » (la fête de Rambouillet) par Jean-Honoré Fragonard est un dessin à l’aquarelle, à la gouache, craie noire et pastel sur papier de 26,7 x 35,6 cm. Cette œuvre est partie au prix de 1 630 000 euros lors d'une vente aux enchères à Londres en 2007. Dans ce dessin, l'auteur semble paradoxal puisqu’il s'agit de la représentation d'un paradis assez sombre avec une vue nocturne et un paysage mélancolique.

« Punchinellos feasting » par Giovanni Domenico TIEPOLO est un autre précieux dessin du XVIIIe siècle, vendu aux enchères à Londres en 2019 pour la somme de 962 000 euros. Le célèbre historien de l'art britannique Sir Brinsley Ford achète cette œuvre plus du triple de son estimation basse.

Dessins du XVIIIe siècles adjugés chez MILLON

Découvrez quelques dessins du XVIIIe siècle adjugés dans les ventes aux enchères de la maison Millon et faites estimer le vôtre ! 

Les ventes record concernent des dessins rares et exceptionnels, il est plus courant de trouver sur le marché des œuvres moins chères.  

- École française du XVIIIe siècle, un dessin à la plume et encre brune et lavis gris, adjugé à 16 000 euros ;

- un dessin à l'aquarelle et gouache sur traits de crayon noir de 56,7 x 41,2 cm, gouache partiellement oxydée et petites tâches, adjugé 3 600 euros ;

- « Le corps de garde » par François BOUCHER, un dessin à la plume et encre brune, lavis brun et lavis de sanguine de 14,5 x 21 cm adjugé 3 200 euros ;

- « La Crucifixion, d'après Véronèse », un dessin réalisé dans l'atelier de Paolo CALIARI dit VERONESE, à la plume et encre brune, lavis brun et rehauts de gouache blanche sur papier bleu passé, adjugé 3 000 euros ;

- École française du XVIIIe siècle, « Vue de la Basilique Santa Maria Maggiore », un dessin au crayon noir et lavis de bistre adjugé 1 800 euros ;

- « Mise au tombeau » attribué à Francesco FONTEBASSO, avec en haut, les trois croix du calvaire, un dessin à la plume et encre brune de 28,1 x 41,6 cm adjugé 1 800 euros ;

- « Temple de Tivoli », de l'école française du XVIIIe siècle, entourage de FRAGONARD, un dessin à l'aquarelle et crayon noir adjugé 1 400 euros.

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