Jean-Henri RIESENER COMMODE LIVRÉE EN 1780 POUR L’APPARTEMENT DU MARQUIS DE POMMERY À VERSAILLES

Jean-Henri RIESENER COMMODE LIVRÉE EN 1780 POUR L’APPARTEMENT DU MARQUIS DE POMMERY À VERSAILLES

COMMODE À LÉGER RESSAUT CENTRAL En placage de satiné, amarante et bois fruitier, marqueté en feuilles dans des encadrements de filets de buis. Elle ouvre par cinq tiroirs disposés sur trois rangs –trois alignés en ceinture et deux sans traverse apparente, les montants à pans coupés surmontant les pieds en gaine. Ornementation de bronzes ciselés et dorés, entrée de serrure en médaillon orné d’un nœud de ruban, anneaux de tirage en forme de tore de laurier, chutes feuillagées retenues par un nœud de ruban, culot d’acanthe, triglyphes et gouttes sur le tablier, sabots. Plateau de marbre gris Sainte-Anne Époque Louis XVI, estampillée trois fois J.H. Riesener sur les montants antérieurs et sur la traverse supérieure droite. H : 89 - L : 130 - P : 59 cm Numéro d’inventaire 3036 inscrit à l’encre noire sous le marbre et au dos de la commode Restaurations, sauts de marqueterie, bronzes redorés, certaines serrures manquantes Jean-Henri Riesener (1734-1806) fût reçu maître le 23 janvier 1768, Ebéniste du Roi en 1774 et fournisseur des meubles d'ébénisterie du Garde-meuble royal de 1774 à 1784. Face à l’importance de ses commandes, dues aux succès de ses créations, et pour répondre aux multiples demandes, il élabora différents modèles qu’il sut enrichir, compléter ou remanier avec habileté. C’est ainsi que l’on explique la similitude de schéma que l’on retrouve d’un meuble à l’autre.Il est ainsi tentant d’établir l’approche d’une étude typologique de ce type de commodes. Celle que nous présentons peut ainsi être répertoriée dans la catégorie cidessous dont les principales caractéristiques sont les suivantes : Caisse rectangulaire, côtés droits, sobriété et pureté des lignes, l’accent étant mis sur un dessin géométrique et une division tripartite rigoureuse de la façade, animée par un ressaut et un panneau central presque carré. Montants –arrondis ou plats- pieds -fuselés, en gaine ou cambrés- ainsi qu’une moulure soulignant le bas de la caisse, la présence ou non du tablier, peuvent varier sur ces premières caractéristiques. Les ornementations en bronze doré se retrouvent également d’une commode à l’autre. Le choix des bois est le dernier critère à souligner, acajou à encadrements de moulures en acajou ou en bronze ou décor d’un jeu de marqueterie à encadrements bien distincts ou pour les extrémités, semblant disparaitre sous le ressaut central. JEAN-HENRI RIESENER 1734 - 1806 Les commodes les plus proches, outre les caractéristiques citées précédemment, sont celles où le choix des bois, le dessin de la marqueterie et les effets de couleur et de matière recherchés par l’ébéniste attestent le goût de ce dernier pour créer des variations de lumière en fonction de l’angle de vue, en jouant sur les rayons et les veines du satiné. Le Garde-meuble de Versailles Le service du Garde-meuble était installé vers 1770 dans un édifice spécialement conçu à son usage sur le Place Louis XV, actuelle Place de la Concorde. A Versailles existait également un service similaire, d’abord à l’hôtel de Conti puis dans un bâtiment situé rue des Réservoirs. L’appartement mentionné dans les archives est celui situé au Château de Versailles, dans l’Aile du Gouvernement, dans le prolongement du Corps central, côté nordest, actuelle aile Gabriel où Pierre Randon de Pommery est logé vers 1770. Il est également possible que ce dernier disposait d’un logement dans le Garde-meuble luimême qui, à partir de 1783, est abrité dans l’hôtel rue des Réservoirs. Pierre Randon de Pommery Pierre Randon de Pommery 1714-1787) était Ecuyer, marquis de Pommery, seigneur du Thil, de Saint-Martin et de La Londe. Outre ses fonctions de garde général des meubles de la Couronne depuis 1764, il fût garde particulier des châteaux de Compiègne et de Fontainebleau, receveur général des finances à Soisson trésorier général de la Maison du Roi et intendant de Mesdames, sœurs du Roi. Commodes offrant les principales similitudes avec celle présentée : Lot n°79, vente Ader Picard Tajan, Paris 16 juin 1981 Lot n° 196, vente Christie’s, 22 novembre 1983 Commode livrée en 1783 pour Fontainebleau, vente Sotheby’s, Monaco 23 février 1986 Commode portant les marques du Château de Versailles, vente Sotheby’s, Monaco 3 mars 1990 Commode réalisée vers 1780 pour le Petit Trianon auquel elle fût livrée en 1782, Sotheby’s, 12 décembre 2001. Lot n° 123, vente Millon&Associes, Paris 21 mars 2003 Provenance : Le numéro porté à l’encre sous le marbre ainsi que celui sur le bâti permettent d’identifier cette commode dans le Journal du Garde-meuble de la Couronne (entrées et sorties 1778-1783) conservé aux Archives nationales (O/1/3320). Elle fût livrée le 28 mai 1780 pour l’appartement au Garde-meuble de Versailles de Monsieur Pierre Randon, Marquis de Pommery. Du 28 dudit (May) 1780/ RIEZENER/ 3036/ Livré par le S. Riézener Pour Servir dans l’appartement de M. de/ Pommery au Gardemeuble De Versailles Une commode de marqueterie à dessus de marbre Ste/ Anne de 4 pieds de large sur 22 pouces de profondeur/ et 34 pouces de haut ayans 5 tiroirs fermans à clef/ ornées de bois des Indes satiné et amarante formans/ plusieurs panneaux environnés de filets blanc et noire et frise/ d’amarante orné de chutes, sabots rainceaux entrées de/ serrure et anneaux en forme de médaillons de bronze doré/ d’or moulu. Bibliographie : - Archives Nationales, Paris, O/1/ 3320, fol.59 - Jean Nicolay, L’Art et la Manière des Maitres Ébénistes Français au XVIIIème Siècle, Paris, 1976. - Pierre Kjellberg, Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle, Paris, 1998. - William Ritchey NEWTON, L’espace du roi : la cour de France au château de Versailles, 1682-1789, Paris, 2000. - Stéphane Castelluccio, Le Garde-meuble de la Couronne et ses intendants du XVIe au XVIIIe siècle, Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 2004.