Vente terminée
Estimation : 30 000 € - 40 000 €
Adjugé à 57 000 €
Vous avez un objet similaire ?
Nos experts estiment
vos objets gratuitement chez vous ou en ligne
Bernard BUFFET (Paris 1928 - Tourtour 1999)
Le Palais des Doges, 1983
Huile sur isorel
33 x 41 cm
Signé en haut à gauche Bernard Buffet
Porte au dos les annotations manuscrites le palais des doges 83C
Un certificat de Maurice Garnier sera remis à l'acquéreur.
Venise s’offre à Bernard Buffet dans toute sa dignité. Veuve du Canaletto puis de son élève Guardi qui avaient réussi, flatteurs virtuoses, à la séduire de leurs touches osées et à retoucher, pour la combler d’aise, d’air et de lumière, les reflets indiscrets de ses psychés, Venezia, navrée d’avoir pris de l’âge et des rides, tire de son vieillissement un plus grand caractère et un nouvel orgueil. Car, et c’est l’agréable surprise que nous réservait cette séquelle de miroirs consciencieusement appliqués aux souvenirs déliés qui font flotter Venise, indécise, en ses lieux aquatiques toujours recommencés : ses fards triomphent de ses déceptions. Le maquillage dont il prend soin d’orner son visage pour atténuer des ans le regrettable outrage lui donne un nouvel éclat et nous fait participer à la sécrète jubilation qu’il dut éprouver à maîtriser l’ordonnancement, somptueux et autoritaire, de ses formes qui affranchissent ses teintes. Devant Bernard Buffet, Venise s’est ressaisie. Ses couleurs sont à leur plénitude parce que le dessin qui les retient est à sa rectitude.
« Horas non numero nisi plenas », proclame sa Venise reconnaissante. « Je ne compte que les heures pleines. » Heures qui sonnent le glas de ses frivolités et de son extravagance, qu’une pâle lueur d’azur, assez exceptionnelle dans les ciels de Buffet, rend émouvant comme un regret de bonheur ou comme un espoir de réconciliation avec sa jeunesse passée !
Yann le Pichon, Bernard Buffet, 1962-1981, Maurice Garnier, 1986
(Paris 1928-Tourtour 1999)