Auguste FORESTIER (Langogne 1887 - Saint Alban sur Limagnol 1958)
Sculpture d'un soldat
Auguste FORESTIER (Langogne 1887 - Saint Alban sur Limagnol 1958)
Sculpture d'un soldat
Bois et éléments de récupération (tissus, métal)
36 x 13 cm
Provenance: Jean Oury, collection particulière
« Le vrai art, il est toujours là où on ne l'attend pas. Là où personne ne pense à prononcer son nom » - Jean Dubuffet.
En 1914, à l’âge de 27 ans, alors qu’il fait dérailler un train en en disposant des cailloux sur la voie, Auguste Forestier est définitivement interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban. Cet établissement, pionnier dans l’ergothérapie, met en place un système coopératif, redéfinit les relations entre le personnel médical et les malades et permet à chaque patient d’avoir un rôle.
Dans ce cadre, Forestier effectue des travaux de manutention, dessine et sculpte des os de boucherie récupérés dans les cuisines et fabrique des médailles. Plus tard, vers 1930, il aménage un petit atelier dans un couloir de l’hôpital où il taille des personnages, des animaux et des figures anthropomorphes. Ces jouets et figurines prennent vie dans des morceaux de bois et sont habillés de matériaux de récupération : tissu ou de cuir, de médailles, de ficelles et de divers déchets ramassés au rebut.
Paul Eluard, en compagnie de sa femme Nush, s’était réfugié dans l’hôpital psychiatrique de Saint Alban sur Limagnole en Lozère durant l’hiver 1943- 1944 ; il y découvre alors le travail de Forestier dont il acquiert quelques sculptures qu’il rendra visibles dans son appartement.
De retour à Paris en 1944, il y ramène trois sculptures de Forestier et les montre à André Breton, Picasso et Queneau. Dubuffet, qui n'avait pas encore inventé le terme d'art brut, découvre lui aussi Forestier chez Éluard. C'est à la suite de ce premier contact que Dubuffet se rend à Saint-Alban ; cette rencontre bouleversera d’ailleurs la perception qu’il a de lui-même, de l’art et du processus créatif.
L’ensemble présenté ici provient de la collection du psychiatre et psychanalyste Jean Oury. Figure de la psychothérapie institutionnelle, estimant que pour soigner les malades, il convient de soigner d’abord l’hôpital, il fonde et dirige la clinique de La Borde. Travaillant également aux côtés de Jacques Lacan, il est membre de l'École freudienne de Paris.