Fils d’un entrepreneur et marchand en céramique, Vilmos Zsolnay se destine d’abord à la carrière de peintre, voie jugée trop précaire par ses parents, qui l’envoient étudier le commerce à Vienne. Une fois diplômé, il travaille comme apprenti dans la boutique de son père, qu’il reprend en 1853. Dix ans plus tard, il devient directeur commercial de la Manufacture de céramique familiale de Pecs, qu’il dynamisera au point d’en faire la plus importante fabrique de l’Empire Austro-Hongrois et d’Europe.
Pour ce faire, Vilmos Zsolnay transforme la boutique de la firme en un magasin dans le gout de l’époque : moderne, sur plusieurs étageq, et où seront exposés et vendus les nouveaux matériaux céramiques qu’il développe . Stratégiquement, il prend soin de se ménager deux clientèles distinctes, l’une de goût plus classique et l’autre plus audacieuse et ouverte aux innovations esthétiques.
Pour cette dernière, Zsolnay s’ouvre aux tendances en vogue dans la seconde moitié du XIXe européen (le Japonisme, l’Orientalisme …) mais aussi aux expérimentations technico-chimiques dans la lignée de Louis Comfort Tiffany (pour ses effets d’irisation et sa liberté formelle).
Un autre pragmatisme de Vilmos Zsolnay est d’avoir su ménager pour sa clientèle bourgeoise des prix raisonnables, qui assurent la diffusion de ses productions en Europe.
Cette approche lui vaut d’obtenir une prime reconnaissance internationale en 1873 à l’Exposition Universelle de Vienne pour ses céramiques de style néo-Renaissance. Suivra en 1878 une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris pour son invention du décor à l’éosine , un vernis de grande qualité qui habille les céramiques de la manufacture d’un lustre métallique irisé parfaitement unique.
Ce succès lui assure des distributeurs dans plusieurs capitales Européennes, pour lesquelles Zsolnay choisit de développer sur ses céramiques les lignes inspirées par la Nature et les figures symbolistes, participant ainsi des précurseurs de ce qui deviendra le Sezessionsstil Viennois puis l’Art Nouveau Européen. L’entrepreneur partage d’ailleurs avec futurs les théoriciens et artistes de l’Art Nouveau une vision sociale et élévatrice de l’Art. En ce sens, Vilmos Zsolnay encourage ses employés à se former et va jusqu’à mettre en place un programme d'apprentissage à destination des employés de la Manufacture, qui se déroule pendant des heures de travail restant payées.
Forte de cette direction unique, la Manufacture Zsolnay est dans les années 1890 le plus importante de la monarchie austro-hongroise. Elle compte parmi ses clients l'empereur François-Joseph, des membres de différentes familles nobles et des artistes et connaisseurs venus de toute l'Europe.
Vilmos Zsolnay meurt avec son siècle, en 1900.
Son fils Miklos reprend la Manufacture et poursuit l’héritage de son père.