Miquel Barceló, né en 1957 à Felanitx, est un artiste peintre, sculpteur et céramiste espagnol. Il intègre en 1973 l’École des arts décoratifs de Palma de Majorque. Voyageant à travers le monde, il est fortement influencé par son environnement et ses différents voyages marquent des périodes dans sa production artistique. À Paris, il découvre l’art brut et l’art formel. L’artiste développe une peinture figurative allant à l’encontre de l’art conceptuel qui domine alors la scène artistique contemporaine. Après sa rencontre avec Joan Miro, en 1980, Miquel Barceló exploite des thèmes plus classiques : natures mortes, portraits… Sa manière et ses sujets évoluent à mesure de ses voyages à travers le monde, des paysages qu’il découvre comme des artistes qu’il rencontre. L’artiste, inclassable, s’essaye à des styles très divers : après un second voyage à Paris il explore une veine classique et peint des paysages et lieux connus tels que le Louvre ; à New York il travaille une esthétique plus minimaliste puis influencée par la gestualité des expressionnistes abstraits comme Jackson Pollock ou Mark Rothko. En 1987, il effectue son premier voyage au Mali. Durant six mois, il visite aussi le Burkina Faso et le Sénégal. Cette première découverte de l’Afrique marque un tournant dans son travail et ses carnets d’études et de croquis constituent une source d’inspiration majeure pour sa création. Miquel Barceló développe alors une peinture nouvelle, usant de techniques mixtes et de nouveaux pigments qu’il fabrique lui-même. Auprès des Dogons, il explore la matière, travaille son processus de création pictural et sculptural. Barceló produit alors une peinture mouvementée, texturée, mais aussi des céramiques d’argile décorées de silhouettes dynamiques. Il réalise aussi des assemblages à partir des matériaux qu’il trouve tels que du bois, des pièces de monnaie ou encore des ossements. Il travaille tant la peinture à l’huile que l’aquarelle, le dessin et la gravure. Sa peinture, en constante évolution, incorpore souvent des matières organiques, essentiellement végétales, et des couleurs vives. Ses toiles ouvrent à des univers libres et mouvant, parfois peuplés d’embarcations dogons voguant sur un cours d’eau ou de silhouettes cheminant dans des paysages désertiques. D’autres toiles frôlent l’abstraction par des compositions aux couleurs éclatantes et à la gestualité exacerbée. Miquel Barceló est particulièrement influencé par les arts premiers et la peinture pariétale qu’il découvre tant à Altamira, en Espagne, qu’à la falaise de Bandiagara, au Mali. Ses compositions, souvent monumentales, offrent une immersion dans des paysages organiques, un retour à la nature, des silhouettes venues d’un autre temps, ou des animaux d’Afrique comme des créatures des abysses. Ses représentations sont aussi fortement marquées par l’animisme des Dogons qui l’amène à dépeindre des atmosphères brumeuses, empreintes de mystères et particulièrement puissantes et immersives. Ses toiles, dépourvues d’éléments narratifs, présentent des environnements irréels, travaillant sur la transparence, la densité du matériau et la couleur. Toujours en quête de nouvelles rencontres et découvertes, l’artiste poursuit longtemps ses voyages à travers le monde. Il habite aujourd’hui entre Majorque, Paris et le Mali. Reconnu à l’international, il obtient notamment en 2003 le prix du Prince des Asturies pour les Arts. Dès les années 1990, son travail est consacré par une exposition conjointe au Musée National d’Art Moderne et à la Galerie du Jeu de Paume, à Paris en 1996. Exposé dans de nombreuses galeries, sa plus grande rétrospective à ce jour a été organisée en 1998 à Majorque.