Louis Janmot, peintre de l’école lyonnaise et élève de Jean-Auguste-Dominique Ingres est né à Lyon en 1814. Il est un acteur majeur de l’idéalisme lyonnais. Artiste profondément atypique, il se trouve à la charnière entre romantisme et symbolisme, annonçant le versant français du préraphaélisme. Longtemps resté en marge de l’histoire de l’art, Louis Janmot est mis en avant par la redécouverte de son œuvre « Le cycle du poème de l’âme » en 1950 au cours d’une exposition au musée des beaux-arts de Lyon où il fut formé en obtenant la plus haute distinction avant d’entrer aux beaux-arts de Paris. Il faudra quarante-cinq ans à l’artiste pour achever définitivement cette œuvre composée de trente-quatre panneaux et mille quatre cent quatre-vingt-douze vers. Cet ensemble traduit la transmutation de deux âmes-sœurs sur terre cherchant à regagner leur patrie céleste. L’œuvre picturale et littéraire attire rapidement l’attention de ses contemporains tels que Théophile Gautier, Baudelaire ou Eugène Delacroix qui permet l’admission des dix-huit toiles à l’Exposition Universelle de 1855. Louis Janmot séjourne ensuite à Rome avant de rentrer à Lyon où il cherche à attirer l’attention des critiques du Salon de Paris en réalisant ses peintures religieuses telles que La résurrection du fils de la veuve de Naïme ou encore Le christ au jardin des Oliviers. Il obtient la commande d’une fresque. Mais Louis Janmot ne peut être réellement mis en avant sans être inséré dans le contexte intellectuel dans lequel il baigne. Lyon se trouve être le berceau du catholicisme social, située géographiquement entre « la colline qui prie » de Fourvière et « la colline qui travaille » de la Croix Rousse. L’œuvre de Janmot, mystique et naïve, est l’expression d’un romantisme spiritualiste en réponse à l’irruption de la modernité. Dans les années 1830 à Lyon, on voit l’ancien monde se dissoudre laissant certains artistes pris à une angoisse métaphysique : les références chrétiennes qui composent la vie et lui donnent un sens s’effacent sous un monde nouveau matérialiste. Louis Janmot propose donc des images composées de multiples références poétiques, philosophiques et religieuses créant un univers nouveau, romantique et poétique avant d’être religieux. Louis Janmot appartient à un cercle intellectuel catholique, cependant, il ne récoltera pas les honneurs parisiens espérés, n’ayant que quelques commandes de la part de l’Etat. Il obtient la commande d’une fresque représentant la Cène pour l’Église Saint-Polycarpe, et des décorations suite à la rénovation de la coupole de l’Hôtel de Ville lyonnais.