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Retour aux créateurs

Line VAUTRIN- 1913-1997

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"Aussi loin que je remonte dans le passé, je me revois ajustant des brindilles"[1]

 

Line Vautrin naît à Paris en 1913 dans une famille de bronziers d’art et s’essaie très tôt et intuitivement au maniement du métal. Ayant le sentiment de "stagner" à l’école, la jeune Line décide d’abandonner ses études à 14 ans pour travailler chez la créatrice de mode Elsa Schiaparelli puis comme représentante en photographies industrielles. Ces expériences renforcent sa maturité et son indépendance mais il lui reste à trouver SA place, son univers, comme pour répondre à la question de Madeleine Vionnet[2] : "est ce que tu te réalises ?". C’est ainsi et en 1933 qu’elle décide de s’installer à son compte comme créatrice de bijoux, qu’elle ira vendre au porte-à-porte dans Paris. Elle a alors 21 ans.

Toutefois et si ses pièces plaisent, la créatrice a peu de contacts et dès lors une clientèle réduite, tandis qu’elle tient farouchement à son indépendance et refuse de travailler pour d’autres. Elle décide alors de prendre un stand à l’Exposition Universelle de Paris de 1937 pour y exposer ses bijoux. Cet évènement marque le début de son succès, ses créations éminemment personnelles et inventives séduisant les élégantes du Paris des Années-Folles, à tel point que l’artiste peut ouvrir l’année suivante sa première boutique à proximité des Champs-Elysées, rue de Berri. Dans cette échoppe dont Line Vautrin dira qu’elle n’était "pas plus grande qu’un placard", les clientes sont pourtant nombreuses à venir chercher l’accessoire élégant et raffiné qui fera la différence.

Tandis que la 2nde Guerre Mondiale fait rage, Line Vautrin continue de célébrer la vie au travers de créations poétiques et légères mâtinées de mythologie et de symbolisme. C’est à cette époque notamment qu’elle débute la fabrication de ses boites ornées d’énigmes, de codes ou de rébus qui termineront de la rendre célèbre. En 1942, elle ouvre une nouvelle boutique au 63 rue du faubourg Saint-Honoré et installe à l’Hôtel Mégret de Sérilly son espace de création et son atelier de fabrication dans une logique d’entreprise sociale, ses salariés bénéficiant de salles communes de détente, d'une bibliothèque et d'un réfectoire au dernier étage, ainsi que de la possibilité inédite de travailler à temps partiel à domicile. Tout cela contribue à faire de Line Vautrin la coqueluche de la presse magazine qui célèbre la "poétesse du métal"[3] avec un enthousiasme toujours croissant. Le succès cependant ne l’éloigne jamais de ce qui la fait vibrer et elle poursuit ses créations et expérimentations jusqu’à découvrir en 1950 le matériau qui l’emmènera vers la décoration : le Talosel (acronyme d’acéTAte de celluLOSe ELaboré).

Le matériau est constitué de couches de rhodoïd superposées, qui s’approchent visuellement du bronze. Il devient rapidement prépondérant dans le travail de Vautrin qui aime sa ductilité et sa caractéristique de se fendiller et craqueler au séchage. L’artiste découpe les plaques à la forme voulue, gratte entre les couches, les grave, les travaille et les modèle au fer chaud jusqu’à obtenir l’effet de surface désiré. Elle y incruste ensuite des matériaux divers – et notamment des morceaux de miroirs colorés - avant de polir le tout par un bain d’acide. Par ce travail, Vautrin viendra à la fabrication de nouveaux objets dédiés à la décoration, et notamment de remarquables miroirs aux cadres de talosel poétiques et délicats.

Cette technique nouvelle participe d’une révolution esthétique autant que d’un immense succès commercial. L’artiste finira cependant par être dépassée par la gestion commerciale de son activité et décidera en 1962 de fermer ses boutiques. Pour autant et plutôt que de veiller jalousement à ses secrets de fabrication, Line Vautrin choisi de les partager et d’en enseigner une partie au sein d’une école qu’elle créé en 1967 : l’ADAM (Association Développement des Arts Manuels). Assistée de sa première ouvrière et de sa propre fille, Line Vautrin y élabore un enseignement à géométrie variable, tant à destination des dames de la bourgeoisie en quête d’une occupation que pour les artisans désireux d’acquérir une nouvelle technique. Le succès ne tarde pas mais les cours ne rapportent finalement pas assez et, en 1972, Line Vautrin est obligée de fermer son école et d’en vendre les locaux. Elle continuera cependant à enseigner et à créer, sculptant la résine en des thèmes de plus en plus ésotériques.

En décembre 1986, une partie de la collection des créations en bronze de l’artiste est mise en vente à l’Hôtel Drouot. Line Vautrin fait à cette occasion la connaissance du collectionneur anglais David Gill, qui acquière plusieurs de ses œuvres et devient son mécène, organisant pour elle de nombreuses expositions à l’international (Tokyo, New-York, Londres, Stockholm ...). Il permet ce faisant la redécouverte du travail de l’artiste, dont la notoriété revient par d’articles de presse et par un public à nouveau friand de ses créations nouvelles qu’elle déclinera en sculptures, miroirs et colliers jusqu’à sa mort le 12 avril 1997.

Deux ans plus tard, le Musée des Arts Décoratifs lui dédie une exposition : "Secret de Bijoux – Line Vautrin et onze créateurs d’aujourd’hui" du 30 mars au 29 août 1999.
 


[1] mots de l’artiste lorsqu’elle reçoit en 1992 le Prix National des Métiers d’Arts de la Sema, pour ses recherches sur les techniques de décoration.

[2] une question qu’elle posa à sa filleule Madeleine Chapsal, qui s’en souvient dans son recueil Mes Ephémères, éditions Fayard, 2003.

[3] Suivant le surnom que Vogue magasine lui donne en 1948.

 

Oeuvres de Line VAUTRIN


La maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Line VAUTRIN. Florian Douceron, clerc spécialiste du département département Arts Décoratifs du XXe siècle, vous décrypte un des fameux "miroirs sorcière" de l'artiste, adjugée 36 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle
 

 

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Line VAUTRIN : Miroir sorcière, "Soleil à pointes n°0", adjugée 36 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle


"De purs miroirs qui font toutes choses plus belles"[1]

 

Se présentant elle-même comme une "artisan d’art", Line Vautrin a marqué le monde de la décoration et de la joaillerie d’Après-Guerre par son indépendance et son inventivité.

On lui doit notamment d’avoir su habiller de poésie et de frivolité les "miroirs sorcières", qui chez elle conserve de magique leur capacité à capter la lumière et agrandir l’espace d’une pièce.

Visitant l’atelier de l’artiste, une journaliste[2] écrivit : "les baguettes s'entassent comme de merveilleux sucres d'orge, et aussi des piles de cailloux d'un rose de sucre filé, d'un bleu de turquoise, d'un roux de caramel ... Au milieu le verre se convulse devant la flamme et tombe comme des gouttes de rosée incandescente."

Cette dimension alchimique et ce génie coloriste, qui sont la manière de Vautrin, on les retrouve dans notre miroir dont le talosel sombre modelé au fer enserre des miroirs rubis sur deux rangées dynamiques formant les "rayons" du "Soleil à pointes n°0".

D’un éclat surprenant, ce miroir darde sur qui l’observe la chaleur de ses rayons colorés. "Comme un peu de soleil dans l’eau froide"[3] aurait dit Françoise Sagan, amie de l’artiste et parmi les premières à lui avoir acheté un miroir.
 


[1] Charles Baudelaire, deuxième vers du premier tercet du sonnet La Beauté, in Les Fleurs du Mal, 1857.

[2] Gisèle d'Assailli dans son entrefilet dédié à l'artiste : "Bijoux de Paris" in Les Nouvelles Littéraires, artistiques et scientifiques du 24 janvier 1946.

[3] titre du roman de Françoise Sagan publié en 1969 chez Flammarion 

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Nos résultats de ventes “Line VAUTRIN”

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