François POMPON

François POMPON

Né à Saulieu (Bourgogne) en 1855 dans un milieu d’artisans, François Pompon suit d’abord un apprentissage de tailleur de pierre puis se forme à l’École des Beaux-Arts en gravure et en sculpture. Il rejoint Paris en 1875, trouve un emploi dans une entreprise funéraire du cimetière Montparnasse, et suit les cours du soir de la Petite École. Là, son professeur d'anatomie - le sculpteur animalier Pierre Louis Rouillard - lui fera découvrir la ménagerie du Jardin des Plantes. Pompon devient ensuite praticien auprès d’autres sculpteurs et envoie ses propres sculptures au Salon à partir de 1878. Il ne rencontre pourtant pas de succès critique et publique avant ses 60 ans révolus et l’essentiel de sa carrière sera consacré à la sculpture des autres. En ce sens et en 1890, Pompon entre dans l'atelier de Rodin, où il travaille comme praticien puis comme chef d’atelier dès 1893 et pendant 10 ans avant de s’engager chez René de Saint-Marceaux (qui l’emploiera jusqu’en 1915).

Modeste et infatigable, Pompon continue à créer et notamment en travaillant sur le motif animal (dans la campagne, au Jardin des Plantes...) afin d’en dégager les lignes de force. Il choisit de se consacrer à la sculpture animalière en 1905. L'animal-sujet est alors à la mode avec la redécouverte des civilisations primitives et préhistoriques, tandis que le Japonisme fait découvrir à l’Europe les bronzes animaliers orientaux. Ces inspirations nouvelles enjoignent Pompon à s’émanciper des détails du modelé naturaliste jusqu’à aboutir à la manière qui le rendra célèbre : des surfaces lisses et des représentations animales débarrassées de tout superflu, de tout détail dispensable. "Je conserve un grand nombre de détails destinés à disparaître. Je fais l'animal avec presque tous ses falbalas. Et puis petit à petit, j'élimine...". Une économie de moyen qui donne à ses œuvres une présence immédiate, à la force de suggestion universelle et à l’appréhension intuitive, comme sa "Poule Cayenne" qu’il présente en 1906 au Salon des Artistes Français et que lui achète le fondeur Hébrard.

Pour autant et en homme prudent, Pompon continue de se consacrer à la pratique et ne produit que quelques études d’animaux jusqu’à la Guerre de 1914. Trop âgé pour être mobilisé, Pompon se retrouve alors sans travail tandis que les animaux du Jardin des Plantes sont abattus. Il doit cesser son activité de sculpteur pour vivre de petits métiers mais continue à travailler le plâtre – plus abordable – autour d’un bestiaire unique où règnent la pureté des formes et la force évocatrice des lignes.
En 1919, il acquiert un début de notoriété lorsque le Musée du Luxembourg lui achète une "Tourterelle" en pierre taillée. Dans le même temps, Pompon s’associe à la Fonderie Hébrard qui édite ses sculptures jusqu'en 1922, date à laquelle il suivra son chef d'atelier Claude Valsuani qui reprend la fonderie familiale.

En 1922, Pompon atteint enfin la consécration avec son "Ours Blanc" (en plâtre) qu’il présente au Salon d’Automne et qui tranche par son modernisme sur l'esthétique réaliste héritée du XIXe.
Créateur avec Edouard-Marcel Sandoz du Salon des Animaliers Contemporains en 1927, Pompon a une influence considérable sur les sculpteurs animaliers de l’époque. Devenu figure de la modernité, Pompon est âgé de 76 ans lorsqu’il crée en 1931 le ''Groupe des Douze'' rassemblant peintres et sculpteurs animaliers.
Après quelques expositions remarquées, le groupe ne survivra malheureusement pas à la mort de l’artiste en 1933. Resté sans enfants, Pompon lègue sans conditions son œuvre à l’État. Depuis lors, son bestiaire à la présence saisissante et solennelle qui participe des jalons dans la sculpture animalière du Xxe au sein de laquelle il fait figure de Roi sans couronne.