Edouard Marcel Sandoz naît en Suisse en 1881. Son père est un industriel qui lui transmettra rigueur et goût du travail tandis que sa mère, issue d’une famille d’artistes, encourage son goût pour le dessin et la sculpture.
De 1900 à 1903, il fréquente l’École des Arts Décoratifs de Genève où il acquiert une grande habilité pluridisciplinaire mais se distingue surtout pour ses œuvres en céramique. Fort de cette première formation, Sandoz part pour Paris et intègre en 1905 l’Ecole des Beaux-Arts où il étudiera la sculpture avec Antonin Mercié. En 1906, Sandoz rencontre son premier succès public pour les peintures, sculptures et objets d’arts décoratifs qu’il présente à la première Exposition de l’Association des artistes suisses de Paris. On loue la justesse de son œil et la vigueur de ses lignes, des qualités que le jeune artiste aura à cœur de renforcer tandis qu’il prépare ses envois au Salon de 1907, où ses sculptures auront la faveur de quelques critiques.
Sandoz rencontre l’art animalier et s’y attache à partir de 1908, avec un hibou sculpté dans du marbre gris.
Parti découvrir l’Italie, il réalise ensuite la sculpture d’un bouledogue français que la reine Marguerite lui achète à l’Exposition internationale des Beaux-Arts de Rome. Sandoz retourne ensuite en Suisse participer à quelques expositions et se marier en 1909. De retour à Paris où il s’installe avec son épouse, l’artiste expose ses premières sculptures d’animaux. Ces dernières ne sont cependant pas au gout des Salons qui n’apprécient pas leurs poses paisibles, leurs surfaces lisses et leurs formes schématisées. Pour autant, bien avant le triomphe de l’Ours Blanc de Pompon en 1922 qui termine d’enterrer l'esthétique réaliste héritée du XIXe, Sandoz fait déjà figure de précurseur d’une sculpture naturaliste nouvelle aux lignes synthétiques.
Soutenu par quelques critiques, le sculpteur persiste donc dans cette voie et, à la IIe Exposition de la Cimaise de 1910, il rencontre le succès pour ses animaux taillés dans le marbre. Immortalisés dans des attitudes hiératiques et dans un traitement éliminant les détails surabondants pour se concentrer sur des volumes essentiels, ils suscitent l’approbation des visiteurs et quelques articles dans la presse spécialisée.
Sandoz poursuit donc la veine animalière (sans pour autant délaisser la statuaire monumentale de facture plus classique) et en 1912, ses envois au Salon de la Société des artistes décorateurs affirment un caractère décoratif dans des lignes toujours plus essentialisées et expressives. Un journaliste écrit alors à son propos que ses animaux sont "étonnants de vérité et de vie".
Les années suivantes, Sandoz continue ses études d’animaux, honore d’importantes commandes de statuaire monumentales et expose régulièrement dans divers Salon et expositions avant d’être mobilisé en Suisse.
Libéré de ses obligations militaires fin 1915, il renoue avec son prime amour pour la céramique en pour la maison Haviland (Limoges) des modèles d’animaux/ustensiles dont les formes lisses peuvent être facilement moulées et émaillées de couleurs vives : des pichet-oiseaux, des grenouille-porte-bouquets, des salières-lapins … Puis, au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1920, Sandoz confirme sa spécificité dans le domaine animalier avec des sculptures hiératiques et expressives, dévoilant également le fruit de son travail avec la fonderie Valsuani qui dote ses modèles de superbes patines. En 1921, la Manufacture Nationale de Sèvres cherche à renouveler son image artistique et commerciale et s’associe à Sandoz pour plusieurs modèles en biscuit de porcelaine. Trois autres contrats pour de nouveaux modèles suivront, en 1957, 1929 et 1934.
Malade lors de la tenue de l’Exposition Internationale des Ars Décoratifs et Industriels Modernes de Paris en 1925, Sandoz n’y participe pas directement mais reçoit néanmoins le grand prix des objets d’art et un diplôme d’honneur pour la porcelaine. En 1926, il participe à l’exposition du groupe des Animaliers à la galerie Georges Petit, tandis qu’en mars 1927 la galerie Edgar Brandt expose une rétrospective de ses œuvres avant d’accueillir l’année suivant l’exposition du groupe des Animaliers où les œuvres de Sandoz ravissent public et critiques.
Les années suivantes, Sandoz continue à participer régulièrement à diverses manifestations.
Suite à un voyage à Alger puis jusqu’à la Mecque en 1936, le sculpteur se met à travailler les pierres semi-précieuses dont il met les couleurs au service des formes nouvelles que lui a inspiré la faune locale (notamment celle de la Mer Rouge). Les propriétés de ce nouveau medium lui imposent un traitement différent de sa manière habituelle, qui doit se faire moins simplifiée et plus réaliste.
A l’Exposition Internationale de New York de 1939, Sandoz expose à la fois dans les pavillons de la France et de la Suisse. La même année, il met les locaux de sa galerie à disposition de la nouvellement créé Entraide des Artistes pour exposer les œuvres de ses membres. La seconde Guerre le tient éloigné de Paris jusque fin 1940. Revenu en France, l’artiste continue à sculpter et peindre, expose régulièrement et est élu membre associé étranger de l’Académie des Beaux-Arts en 1947.
Durant la dernière période de sa production artistique, après 1950, Edouard Marcel Sandoz s’oriente vers une forme de figuration réaliste, qui conserve une verve symbolique mais intéresse moins la critique.
Après une longue période de maladie durant laquelle il ne cessera pourtant jamais de créer, l’artiste s’éteint en 1971. Longue de plus de 50 ans, sa carrière est riche d’un formidable bestiaire de pierre, de porcelaine, de bois et de bronze, emplis de bêtes pacifiques représentées comme autant de portraits à la fois réalistes et synthétiques. Sans jamais être froide ou dure, la stylisation décorative de l’artiste est aujourd’hui reconnaissable entre toutes : "un monde surprenant, familier, véridique et pourtant cruel ; doué de mouvement et pourtant immobile. Une sensibilité d'artiste et d'ingénieux outils, voilà toute la magie d'Edouard Sandoz."