Né en 1922 et mort en 1979 en Belgique, Christian Dotremont est un peintre, poète et théoricien belge. Il a été l’un des premiers à élever l’écriture au rang d’art plastique. Il est particulièrement réputé pour ses « logogrammes », sortes de poèmes graphiques effectués au pinceau et à l’encre de Chine. Ses parents appartiennent tous deux au monde des lettres et Dotremont commence à écrire très jeune et lit beaucoup durant son adolescence. Il prend ses premiers cours de dessin à l’Académie de Louvain, à partir de 1937. En 1940, à seulement 18 ans, il envoie son poème Ancienne Éternité à la rédaction de l’Invention collective après avoir découvert la revue surréaliste dans une librairie bruxelloise. Dotremont se rapproche à ce moment du groupe surréaliste. Il va constituer, avec d’autres, la jeune génération de ce mouvement alors affaibli par le départ d’André Breton aux États-Unis en 1941. Il s’intéresse particulièrement à cette période à l’œuvre de René Magritte. Il est notamment marqué par ses représentations ambiguës où les concepts et les mots jouent avec la représentation d’objets réalistes. C’est là qu’il développe son interêt pour la question des mots et à leur dimension matérielle. Arrivé à Paris depuis 1941, Dotremont rencontre de nombreux artistes. Il fait notamment la connaissance de Paul Éluard qui lui présente son travail conjoint avec Pablo Picasso. L’artiste est particulièrement marqué par la possibilité de faire collaborer différentes disciplines pour aboutir à une œuvre commune. Il continue l’écriture et notamment celle de poèmes tout en s’intéressant à la création qui l’entoure, notamment celle des artistes surréalistes, tant sculpteurs que peintres ou écrivains. En 1943, Dotremont rentre en Belgique. Il développe alors un intérêt nouveau et profond pour la Chine qui lui inspire différents poèmes. Parallèlement, il prend peu à peu ses distances avec le groupe surréaliste. En 1947, il fonde le mouvement surréaliste révolutionnaire avec Jean Seeger et Paul Bourgoignie, par la même occasion le mouvement CoBrA. Ce dernier marque grandement l’histoire de l’art et particulièrement celle des avant-gardes après la Seconde guerre mondiale. Il lui permet de rencontrer de nombreux artistes, issus de disciplines diverses, et de collaborer avec eux. Le mouvement CoBrA initie, par une collaboration artistique internationale, un art expérimental au confluent de multiples disciplines et encourage Jean-Paul Riopelle à poursuivre ses expériences poétiques et formelles. Christian Dotremont réalise alors ses premières « peintures-mots » et ses « dessins-mots », avec Asper John. Ils proposent des créations spontanées où la gestualité s’exprime dans une écriture fluide et libre, tantôt cursive tantôt d’influence coufique. Dotremont interroge la forme, le sens, le mot et crée une poésie visuelle. L’artiste est notamment influencé dans cette démarche par un voyage en Laponie, effectué en 1956. Il y découvre des paysages enneigés où la trace d’un traineau semble dessiner un signe, une écriture dans le blanc de la neige. Il trace à l’encre de Chine des signes semblables à des lettres et questionne ainsi l’acte d’écrire et le langage. Ses logogrammes, signes abstraits noir sur blanc, naissent d’une écriture spontanée, d’une gestuelle. Jean-Paul Riopelle exploite cette technique jusqu’à sa mort. Il rédige aussi de nombreux poèmes et livres