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Reconnaître une faïence de Marseille
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la cité phocéenne excelle dans la production de faïence stannifère et s’impose comme l’une des villes les plus réputées en France pour cet art. Les manufactures fleurissent et rivalisent de créativité pour concevoir des pièces d'une qualité remarquable, dont le motif de décoration rocaille est très apprécié. Les formes des objets sont alors très variées, allant des pots à oille aux surtouts de tables, en passant par les vases et les fontaines et d’autres objets du quotidien.
Il faut reconnaître deux types de faïence de Marseille :
Celle de « qualité fine », avec des objets richement peints à la main et finement exécutés. Le décor polychrome floral est l’un des plus répandus ;
Celle de « qualité contournée », avec un décor plus minimaliste, marqué par de simples contours comme les fleurs.
L'avènement de la technique de décoration au petit feu vers 1750 marque un tournant dans l'histoire de la faïence marseillaise, donnant naissance à de nouveaux ateliers et permettant de nombreuses innovations artistiques.
Des couleurs spécifiques sont alors propres à Marseille. Le rose est légèrement violacé et plus doux. Le vert de Marseille, très intense, est obtenu à partir d’un mélange à base de cuivre. Le jaune est lumineux. Les champs fleuris, les enfants chinois jouant dans la campagne, les papillons exotiques et même les moulages de crustacés et de poissons qui décorent les terrines, la faïence de Marseille demeure aujourd'hui un véritable symbole de l'identité locale à travers ces motifs emblématiques.
Pour reconnaître la faïence de Marseille, il est aussi important de prêter attention aux signatures et marques de manufactures.
Estimer la valeur d’une faïence de Marseille
La manufacture
La faïence de Saint-Jean-du-Désert, fondée par Joseph Clérissy en 1680, est la plus ancienne, et par conséquent la plus rare et la plus recherchée sur le marché. Un petit plat peut valoir quelques centaines d’euros, comme un modèle d'un diamètre de 19 cm à décor de personnages dans un paysage adjugé 200 euros lors d'une vente aux enchères.
Cette faïence est caractérisée par un émail légèrement bleuté, obtenu en mélangeant une terre rouge avec la pâte. Les objets au décor de grand feu arborent un camaïeu de bleu rehaussé de manganèse brun-violet inspiré de la faïence de Nevers. On trouve aussi des imitations de porcelaines de Chine ou des copies de gravures. La faïence de Saint-Jean-du-Désert est rarement marquée. Les inscriptions qui mentionnent « Marseille 1681 » ou « à st jean du désert » peuvent donner des indications précieuses.
La faïence Fauchier est aussi l’une des plus célèbres. La manufacture est surtout connue pour ses statuettes et petits objets au motif du Christ et des bénitiers produits dans les années 1720. La faïence blanche émaillée affiche un décor de grand feu, dominé par le bleu de Marseille, le jaune et le manganèse. De génération en génération, la famille Fauchier innove et élargit la production aux plats et objets ornés de paysages centraux en jaune, encadrés d’une décoration au style rocaille et Régence avec des couleurs polychromes de vert, de bleu, de jaune et de violet. La manufacture ne dispose pas de marque de fabrique spécifique. Certains objets sont signés du nom complet de celui qui dirige l’entreprise comme « Joseph Fauchier ».
La manufacture de la Veuve Perrin est aussi très renommée à Marseille, entre 1750 et la Révolution. La faïence se caractérise par des formes variées, originales et mouvementées dans le style rocaille, souvent moulées sur des pièces d'argenterie. Le décor au feu de moufle est peint sur un émail cuit bien blanc et brillant. On estime que les plus beaux verts de cuivre de Marseille sont produits dans les ateliers de la Veuve Perrin. Les sujets les plus caractéristiques de la maison sont les chinoiseries, les fleurs champêtres et les décors marins. Les objets présentant une décoration « à la bouillabaisse et aux poissons » sont les plus recherchés de cette manufacture. Les créations sont marquées par le monogramme « VP », qui est souvent contrefait. L’expert étudie donc surtout la qualité du décor pour authentifier les anciennes collections.
La fabrique Honoré Savy et la manufacture de Robert sont d’autres faïenceries également connues de Marseille.
L’état de conservation
Si la faïence est beaucoup moins dure et moins dense que le grès ou la porcelaine, elle possède aussi de grandes qualités : une bonne tenue dans le temps et un entretien facile. Elle résiste très bien à l’humidité. Les traces d'usure liées à l'âge de l'objet, comme les cheveux infimes, les égrenures et les fêles peu importantes ne sont pas forcément des points faibles, au contraire, elles peuvent marquer l'authenticité de l'objet. Les signes trop présents de restaurations et qui ne respectent pas l'authenticité de la faïence peuvent par contre repousser les acheteurs potentiels. Les restaurations à l'agrafe trop visibles ou qui jaunissent par manque de traitement risquent fort de dévaloriser la faïence, tout comme les éclats dus à un accident.
Une faïence de Marseille peut se vendre dès 30 euros pour une assiette en mauvais état, mais elle peut aussi atteindre les 30 000 euros ! Un grand pot à oille sur XVIIIème siècle a ainsi obtenu cette belle enchère lors d’une vente à Paris.
Les belles ventes de faïences de Marseille
Une partie de service de table composite en faïence de Marseille, de la manufacture Honoré Savy, du XVIIIe siècle, vers 1770, est adjugée 37 500 euros lors d'une vente aux enchères.
Deux assiettes du XVIIIe siècle provenant également de la fabrique Savy, sont vendues 10 000 euros. Il s'agit d'une faïence de forme contournée à décor polychrome dit « aux poissons », l’une présente un petit éclat restauré et des égrenures restaurées.
Une paire d'assiettes en faïence de Marseille, issue de la manufacture de Robert, du XVIIIe siècle, est adjugée 5 600 euros.
Un bougeoir de la manufacture de la Veuve Perrin est vendu 4 750 euros. L'objet est marqué en noir « VP ».
Une saucière de la manufacture de la famille Fauchier est vendue 2 750 euros.
Une assiette en faïence de Marseille du XVIIIe siècle est adjugée 1 750 euros.
Estimation gratuite de faïences de Marseille
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Faïence de Marseille adjugés chez MILLON
Les adjudications de la maison MILLON constituent aussi de belles ventes, comme :
Plat rond de l’atelier de Fauchier à bord chantourné en faïence à décor polychrome d’un couple d’amoureux assis sous un arbre est adjugé 9 000 euros ;
Grand plat rond de la Veuve Perrin à bord en accolade en faïence de petit feu à décor polychrome sur fond vert eau avec une rose épanouie au centre est adjugé 5 900 euros ;
Pot-pourri sur piédouche couvert, à fin décor polychrome d'un branchage fleuri sur chaque côté est vendu 4 900 euros. Les prises latérales sont en forme de bouquet noué en relief. La prise du couvercle est en forme de fleurs et terminée par une tulipe. Sur le bouquet noué en bleu, une guêpe en relief est posée sur une rose ;
Fontaine d’applique et son cul de lampe en faïence à décor rocaille polychrome de bouquets de fleurs, de fruits et d’insectes peints et en léger relief est vendue 4 000 euros. Avec un encadrement de rinceaux, dont certains sont terminés par des têtes de volatiles en haut-relief, ce bel objet dispose de prises du couvercle et du socle en forme de figue au naturel ;
Plat ovale de l’atelier de Leroy, à bord contourné à décor polychrome de deux Chinois et d'un oiseau fantastique au milieu d'une végétation luxuriante avec « astéroïdes » est adjugé 4000 euros.
Notre équipe de commissaires-priseurs et experts spécialisés met à votre disposition sa connaissance du marché et estime gratuitement votre faïence de Marseille. Grâce à notre formulaire en ligne, obtenez facilement une estimation fiable.
Nos bureaux en France ou à l’étranger vous accueillent aussi pour une évaluation en face à face de votre œuvre. Nous organisons également des journées d’estimations gratuites où vous êtes cordialement invités pour faire estimer vos trésors.